L’investissement vert et social fait de plus en plus partie des stratégies et des business models des entreprises à travers le monde, signe d’une prise de conscience qui se généralise, quant aux enjeux sociétaux et environnementaux.
Se déguiser en vert est à présent à la mode, et même recommandé. L’on concentre alors ses efforts sur la création de nouvelles opportunités pour soi et pour la communauté à laquelle on appartient.
Atout indéniable pour l’Afrique francophone, l’entrepreneuriat vert contribue à la transition vers une économie verte : agriculture biologique, écotourisme, écoconstruction, énergies renouvelables, gestion durable de l’eau, valorisation des déchets…
Une Afrique franco-verte
Des initiatives pour promouvoir l’entrepreneuriat vert commencent à prendre forme, tels le Forum international Jeunesse et entrepreneuriat vert en Afrique francophone, organisé à Marrakech au mois de juin dernier, ou encore le Forum de l’entrepreneuriat vert dans la région d’Oran, en avril dernier.
Les acteurs publics prennent progressivement conscience des opportunités qu’elles peuvent apporter. Certains d’entre eux mettent en œuvre des programmes en partenariat avec des organisations de coopération internationale. L’un des axes de travail consiste à promouvoir et à valoriser les projets portés par les entrepreneurs verts. Il s’agit également d’inciter les jeunes à adopter les principes de l’économie verte.
Cette mobilisation autour de l’entrepreneuriat vert révèle tout le potentiel de la filière en Afrique, démontrant ainsi la volonté et la persévérance des jeunes Africains d’innover et de créer de la valeur tout en se souciant de l’avenir des prochaines générations.
Cependant, bien que l’entrepreneuriat vert soit en plein essor, il manque encore de reconnaissance de la part des organismes d’appui et de moyens de financement.
Le Maroc domine la course
L’entrepreneuriat vert séduit de plus en plus d’entrepreneurs au Maroc. Le nombre de startups s’y est développé de manière considérable, et le pays a été qualifié de modèle de croissance verte pour la région MENA, d’après Climate Tracker.
Selon un nouveau rapport, « Favoriser l’entrepreneuriat climatique au Maroc », rendu public par la Banque mondiale, les jeunes entrepreneurs marocains innovent, développent des technologies et des solutions, consacrent du temps pour essayer de résoudre les problèmes socioéconomiques de leur pays tout en récoltant les fruits de leurs projets.
C’est dans ce même sillage qu’est apparu un logiciel mis au point par ELum permettant d’optimiser la gestion de l’énergie entre panneaux solaires, batteries de stockage et réseau, et de réduire, à terme, la facture d’électricité des acteurs commerciaux et industriels.
Evaptainers, une startup appartenant à la même branche, a développé une solution de réfrigération sans apport d’électricité pour le transport alimentaire, qui repose sur un procédé de rafraîchissement par évaporation. Ce mode de rafraîchissement contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre produites par la réfrigération électrique et la réduction de la détérioration des aliments.
Malgré un fort potentiel, l’entrepreneuriat climatique au Maroc se heurte à un certain nombre d’obstacles qui freinent son élan. Une attention plus grande portée sur des éléments clés tels que les politiques publiques, les financements et les marchés, se fait encore attendre.
Qu’en est-il de la Tunisie ?
Tandis que les débats politiques sont diffusés en masse sur les médias, les choses bougent du côté des écoles de commerce et d’ingénieurs. L’implication de jeunes étudiants dans la sphère entrepreneuriale se traduit par la création d’associations et de clubs qui oeuvrent à promouvoir la culture de l’entrepreneuriat social au sein des universités. Des associations comme HEC ou Enactus ont déjà fait leurs preuves.
Le monde des entreprises met la main à la pâte. Une compétition a même été organisée par Orange Tunisie décernant un prix au meilleur entrepreneur social.
Du côté de l’Etat, les efforts sont perceptibles. Une convention a été signée, le 23 juillet 2018, entre le ministère du Tourisme et de l’Artisanat et celui de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, en vue de promouvoir l’agritourisme durable. La création de 25 projets à Nabeul, Kasserine, Bizerte, Béja et Tozeur, la valorisation des produits biologiques locaux, ainsi que la création de nouveaux postes d’emploi sont les objectifs de cette convention. Toutefois, un état d’urgence s’impose.
Et comment!
Les entrepreneurs intègrent de plus en plus dans leurs appareils productifs des technologies « eco friendly ». Cependant, ce n’est pas suffisant. Assurer équité, viabilité et “vivabilité” est une tâche qui demande bien plus d’efforts et de réflexion.
Des réformes, des encouragements ainsi que l’instauration d’un climat d’affaires visant à promouvoir et étendre l’entrepreneuriat social et vert devient impératif en ces temps de crise.