Elles sont les chevilles ouvrières du travail de la terre, toutefois, rares sont celles qui se proclament le titre d’agricultrice. “C’est un secteur masculin”, a déclaré au Manager Mariem Ayed, fondatrice de Al Chamal lil Matahin. Cette ancienne fonctionnaire n’a pourtant jamais baissé les bras. Elle a lutté, bec et ongles, pour l’acquisition de son propre terrain dans la région de Nefza. Pas de chance ! la transaction qui a coïncidé avec la période révolution.
Pas surprenant alors que le démarrage n’était pas facile. “Après une carrière dans l’administration, je me trouve seule avec un terrain de 6 hectares”, s’est-elle rappelée. “Je pleurais. Je n’avais pas la moindre idée par où commencer”.
Déterminée à aller de l’avant, la jeune agricultrice s’est spécialisée dans les cultures d’irrigation : tomate, poivron … Seul hic : il était difficile de se distinguer. “Nous étions obligés de suivre tous le même calendrier de distribution d’eau imposé par les autorités agricoles de la région”, a-t-elle expliqué au Manager. “Tout le monde offrait les mêmes produits, au même temps”.
Mariem Ayed y voit une opportunité pour se différencier, se distinguer, et de se tourner vers la transformation alimentaire. De l’harissa traditionnelle aux épices, la jeune entrepreneure a vite diversifié son offre.
Aujourd’hui, l’entreprise de Mariem Ayed dessert toute la région du Nord-Ouest. Pour commercialiser ses produits, elle ne lésine sur rien : d’une foire à l’autre, la qualité de ses produits séduit à chaque fois les consommateurs. Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas là : “Je rêve de créer ma propre enseigne et de couvrir l’ensemble du territoire national”, a-t-elle confié au Manager.
Voulant aller de l’avant et développer encore ses aptitudes entrepreneuriales et managériales, Ayed a décidé de se joindre au programme CEED Grow lancé par CEED Tunisia. “Grâce au grand professionnalisme des organisateurs de ce programme, j’ai pu pleinement profiter de cette formation très enrichissante, avec des formations couvrant diverses thématiques allant de la communication à la finance”, a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : “On nous a même appris à pratiquer de la méditation pour relaxer et bien gérer le stress.
Mariem veut aller encore plus loin. La jeune entrepreneure rêve de pouvoir vendre ses articles au-delà des frontières nationales. “Tôt ou tard, ce jour viendra !”, dit-elle avec force conviction.