L’Assemblée a voté l’abrogation de l’article 45 de la loi de finances, mesure présentée comme une simplification mais qui soulève des inquiétudes sur la transparence financière et l’image du pays à l’étranger.
La décision prise le 2 décembre 2025 par l’Assemblée des représentants du peuple d’abroger l’article 45 de la loi de finances marque un tournant majeur dans la gestion des flux financiers en Tunisie et suscite un débat d’ampleur nationale et internationale.
Initialement conçu pour limiter les paiements en espèces dans les transactions de grande valeur, cet article imposait des seuils précis et des sanctions afin de renforcer la traçabilité, combattre l’économie informelle et réduire les risques de blanchiment d’argent.
Pour le gouvernement, sa suppression répond à la nécessité d’alléger les contraintes administratives, de faciliter les opérations pour les petites entreprises et de débloquer des situations où la rigidité des formalités freinait l’activité économique.
Cependant, pour de nombreux économistes, parlementaires et organisations spécialisées dans la transparence financière, cette décision constitue un recul inquiétant: elle intervient à un moment où la Tunisie s’efforce de rassurer ses partenaires internationaux, de maintenir sa réputation auprès des agences de notation et de négocier de nouvelles lignes de financement avec les institutions financières multilatérales.
En réduisant les mécanismes de contrôle sur les grosses transactions en liquide, le pays risque non seulement d’encourager un retour massif au cash, mais aussi de compromettre les efforts entrepris depuis plusieurs années pour moderniser le système financier, améliorer la gouvernance fiscale et s’aligner sur les standards internationaux de conformité.
Sur le plan diplomatique, la mesure pourrait être scrutée par les partenaires européens et par les organismes engagés dans la coopération économique, pour lesquels la transparence des flux financiers constitue un critère essentiel d’évaluation.
Le gouvernement assure qu’un dispositif alternatif sera introduit dans le cadre de la loi de finances 2026, mais l’absence de détails concrets entretient le doute quant à l’efficacité de ces futures mesures.
Ainsi, au-delà de la technicité juridique, l’abrogation de l’article 45 apparaît comme une décision hautement politique, mettant la Tunisie face à un dilemme délicat: simplifier la vie économique sans fragiliser la crédibilité financière du pays sur la scène internationale.









