Face à la hausse des prix, les Tunisiens peinent de plus en plus à faire face au coût de la vie, le niveau des salaires étant globalement déconnecté de la réalité. Pour boucler leurs fins de mois, beaucoup n’ont d’autre choix que de recourir au découvert bancaire, communément appelé le «rouge».
Fin 2024, les comptes débiteurs, qui sont une sous-catégorie des crédits à la consommation, ont totalisé 1 931 Mtnd, en hausse de 155 Mtnd sur une année. Concrètement, cette somme représente les augmentations salariales dont les ménages ont besoin pour compléter leurs revenus. Et ce n’est pas tout car seulement une partie de la population est bancarisée. De plus, l’accès au découvert n’est pas automatique: il faut justifier d’un revenu minimal et d’un emploi stable.
Pour cette année, il est certain que le seuil des 2 000 Mtnd sera dépassé. Nous disposons des chiffres des comptes débiteurs pour tous les agents économiques, y compris les entreprises. Fin août 2025, ils se sont établis à 10 458,045 Mtnd, une aggravation de 1 445,549 Mtnd en huit mois.
Pour les entreprises, ces montants servent pour financer leurs besoins en fonds de roulement et combler la sous-capitalisation, une caractéristique structurelle des sociétés tunisiennes.
Nous pouvons imaginer l’effet qu’aurait l’interruption de ce mécanisme sur la consommation. Il y aura une chute brutale des achats et de la demande de services, donc moins de revenus et moins de recettes fiscales pour l’État. Ces facilités de trésorerie, bien que coûteuses pour les titulaires de comptes, restent une bouffée d’oxygène, un mal nécessaire.








