Lorsque Germanwatch publie son Climate Risk Index 2026 le 11 novembre 2025, le ton est donné dès les premières lignes : en trente ans, la planète a essuyé plus de 9700 phénomènes météorologiques extrêmes, provoquant 832 000 décès et plus de 4 500 milliards de dollars de pertes économiques. Le rapport, construit à partir de la base EM-DAT et des données de la Banque mondiale et du FMI, analyse 174 pays pour révéler un visage sans filtre du dérèglement climatique.
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le document n’inclut pas la montée du niveau des mers ni l’acidification des océans, et ignore les catastrophes géologiques comme les séismes. Il se concentre uniquement sur les phénomènes directement liés au climat : canicules, tempêtes, sécheresses, incendies, inondations. Ce choix rend l’exercice plus brut encore : il capture ce que le climat, et lui seul, provoque sur les territoires humains.
Les 5 pays africains les plus touchés (1995–2024)
En tête du continent, la Libye porte encore les cicatrices du cyclone Daniel, qui a dévasté le pays en 2023. À lui seul, cet événement a causé 13 200 morts, touché 1,6 million de personnes et généré 6 milliards USD de dégâts. Ce drame suffit à placer le pays en 4ᵉ position mondiale des plus affectés.
Derrière elle, le Mozambique arrive au 23ᵉ rang mondial. Frappé successivement par les cyclones Idai et Kenneth, puis par des inondations récurrentes, le pays n’a jamais vraiment eu le temps de souffler. Le Malawi se classe juste après, au 25ᵉ rang, lui aussi victime d’événements extrêmes à répétition, accentués par des sols et systèmes agricoles sensibles aux aléas du climat.
Le Zimbabwe (34ᵉ) et le Kenya (39ᵉ) complètent ce top 5 africain, confirmant que l’exposition climatique ne se limite pas aux côtes ou aux zones tropicales : la vulnérabilité touche aussi les États à faible résilience institutionnelle.
Focus Tunisie & MENA
La Tunisie apparaît à la 40e position au niveau des pays africain les plus touchés du classement Germanwatch. La région MENA, elle, figure parmi les zones les plus menacées au monde. Les effets se manifestent déjà de manière concrète, presque palpable.
En Tunisie, la première alerte n’est pas une tempête mais l’eau. Le pays vit sous un stress hydrique extrême. La FAO rappelle que les ressources renouvelables sont si limitées que leur exploitation dépasse les seuils soutenables, notamment pour l’agriculture.
Les projections climatiques tunisiennes ne rassurent pas. Selon les documents nationaux, la température moyenne annuelle pourrait grimper de 1,6 °C à 1,9 °C d’ici 2050, augmentant le nombre de journées de canicule et accélérant la sécheresse.
Les oasis, comme celles de Chenini, résistent tant bien que mal à la raréfaction de l’eau et au recul de la biodiversité.
Plus largement, la région MENA est considérée comme un “hotspot climatique mondial” : manque d’eau, désertification accélérée, vagues de chaleur extrêmes. Les études de Ecomena et les travaux scientifiques confirment que le réchauffement y progresse plus vite que la moyenne mondiale.









