Le Centre des Changements Climatiques / IACE a organisé une conférence-débat, ce lundi 24 novembre 2025, intitulée “RésEau d’opportunités : résilience & eau, les clés de demain” .
Des experts ont dressé un état des lieux préoccupant de la situation hydrique, tout en explorant des pistes de solutions durables à l’horizon de 2050.
À l’heure actuelle, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, le monde fait face à une crise hydrique structurelle majeure. Selon la Banque mondiale en partenariat avec la FAO, en 2023, les ressources en eau renouvelable par habitant s’établissent à moins de 380 m³ par an, contre 420 m³ en 2010, bien en dessous du seuil de stress hydrique extrême fixé à 500 m³/habitant/an.
L’agriculture absorbe entre 85 et 90% des ressources en eau, limitant considérablement les volumes disponibles pour les usages domestiques et industriels.
Cette crise est aggravée par des sécheresses prolongées et la surexploitation de 57% des nappes phréatiques, avec des pertes significatives dans les réseaux (30 à 40%) et une dégradation de la qualité de l’eau. Cette situation dépasse le seul cadre technique ; elle requiert des choix stratégiques de gouvernance impliquant entreprises, pouvoirs publics, collectivités et citoyens.
Lors de la conférence, il a été mentionné que les entreprises jouent un rôle clé dans la recherche de solutions innovantes. A savoir la réutilisation des eaux usées valorisées aujourd’hui à seulement 30%, le dessalement, le recyclage industriel, la digitalisation de l’irrigation et la réduction des pertes.
“La stratégie de Réutilisation des eaux usées, REUT 2050, est couplée avec une stratégie à l’horizon 2050, formant deux grandes politiques dans le domaine de l’eau et de la réutilisation des eaux traitées”. C’est ce qu’a souligné Olfa Mahjoub, professeure agrégée spécialiste en qualité de l’eau. Tout en ajoutant que le ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche Maritime travaille sur divers projets.
Elle rappelle notamment que certains de ces projets seront financés par l’État, d’autres via des partenariats avec la Banque mondiale et par des collaborations bilatérales.
Et de poursuivre: “Ces projets font l’objet d’analyses coûts-bénéfices rigoureuses. L’investissement sera conséquent, notamment en énergie, qui représente entre 50 et 60% du coût total.”
Néanmoins, plusieurs obstacles ralentissent ces avancées. Sur le plan technique, les infrastructures, notamment celles de traitement de l’ONAS, doivent être modernisées pour garantir une qualité d’eau conforme aux normes. Les réseaux d’irrigation souffrent de vétusté et de cassures, nécessitant la formation des agriculteurs et des gestionnaires. Sur la gouvernance, les groupements de développement agricole, principaux gestionnaires des eaux usées, peinent à assurer la durabilité financière de leurs activités, dépendant des recettes issues de la vente de l’eau.
Par conséquent, l’accent est mis sur le recours aux énergies renouvelables et aux solutions basées sur la nature, moins énergivores et coûteuses.
Enfin, Olfa Mahjoub insiste sur l’impératif pour le secteur privé d’assumer un rôle moteur, non seulement dans le financement pérenne mais aussi comme vecteur d’innovation.
Elle conclut: “Le secteur privé, qu’il soit petit ou grand investisseur, doit s’ouvrir aux solutions existantes, les adapter au contexte local, et collaborer étroitement avec l’État. Cette dynamique est essentielle pour répondre efficacement aux besoins des usagers et aux enjeux socio-économiques qu’engendre la crise hydrique. Une approche intégrée, associant recherche, innovation et coopération, est indispensable.”
Quelles sont les recommandations?
● Mobiliser les entreprises comme acteurs essentiels d’une gestion durable et innovante de l’eau.
● Identifier et promouvoir les innovations issues du secteur privé, notamment la réutilisation des eaux usées, le dessalement et la digitalisation.
● Favoriser un dialogue permanent et constructif entre entreprises, pouvoirs publics et collectivités locales.
● Mettre en valeur et diffuser les bonnes pratiques pour engager d’autres acteurs.
● Élaborer des recommandations concrètes et opérationnelles.
● Valoriser l’eau et les nouvelles technologies au service de l’agriculture.
● Promouvoir l’efficacité dans l’usage de l’eau agricole.
● Créer un cadre national d’innovation hydrique impliquant entreprises, startups, et centres de recherche.
Ce sont autant les recommandations que les experts présents appellent à concrétiser tout au long de ces deux panels.









