«Pourquoi l’Afrique est-elle une opportunité?», interroge Oumaima Chaaouri, vice-présidente JCI Tunisie, après l’organisation d’un quiz (via QRCode) visant à tester les connaissances des participants sur le dossier africain.
«L’Afrique est un continent d’opportunités», répond Ridha Mahjoub, professeur de classe exceptionnelle à Paris-Dauphine et membre du laboratoire LAMSADE, CNRS, lors de la première table ronde organisée juste après l’ouverture du ‘2025 JCI World Congress’, qui se tient du 2 au 8 novembre 2025 à Tunis sur le thème ‘Leading by Innovation’, animée par Oumaima Chaaouri.
«La plus grande opportunité est le soleil alors que le continent souffre d’un grand gap dans l’énergie électrique. Nous devons y donner accès à tous alors que l’Internet passe par l’accès à l’électricité. Et en allant vers les énergies renouvelables, nous accédons à une autre opportunité pour l’Afrique: la taxe carbone», ajoute-t-il.
Citant de nombreux pays africains en exemple de saisie d’opportunités, Mahjoub conseille: «Réalisez vos propres projets, n’attendez pas qu’on vous les offre!». Il conseille également de méditer sur le modus operandi des Chinois en Afrique, car s’ils y ont du succès, c’est parce qu’ils s’intéressent à la totalité du spectre: finance, éducation, investissement…
Avoir de l’agilité et se forger un mindset
«Se figurer l’Afrique comme une opportunité est en grande partie une question de stratégie mais aussi de changement de manière de penser. C’est-à-dire que les investisseurs qui veulent s’y internationaliser doivent trouver de nouvelles voies», souligne Mazen AlKassem, chef de projet et expert technique chez Expertise France.
Selon lui, il n’y a pas de formule magique, seulement quelques facteurs critiques à traiter: «L’entrepreneur doit inspirer ses collaborateurs et les ‘embarquer’ sur une longue voie vers les facteurs opérationnels, le maintien de la qualité des produits, la maîtrise des facteurs financiers… Ce n’est rien de moins qu’un investissement tous azimuts».
Quant à Douja Gharbi, analyste experte, CEO de RedStart Tunisie, elle insiste sur la manière de penser: «Quand les entrepreneurs nous contactent, nous leur demandons s’ils sont vraiment prêts, s’ils se sont sérieusement préparés, s’ils ont bien étudié le marché, s’ils ont été attentifs à la culture et à la langue, s’ils ont pensé à la communication idoine… Nous leur expliquons qu’ils doivent avoir de l’agilité pour le shift/change, se forger un mindset, investir dans la visibilité digitale et en utiliser les outils. Il est important de penser international mais il faut s’y préparer. Et c’est en cela que les incubateurs/accélérateurs peuvent les aider».
“Réviser les networks pour qu’ils cessent d’être gender blind!”
En tête de tous ces musts, les networks jouent un rôle majeur dans l’accès au marché africain, selon Sahar Mechri, DE de Managers, fondatrice du programme Femmes Entrepreneures de Tunisie et de l’African ESG Summit: «Les femmes entrepreneures, en particulier, évoluent dans de petits networks moins développés, essentiellement sur fond de liens parentaux forts. Elles font aussi face à un gap financier, et pas seulement auprès des banques. Il faut être conscient de la dynamique Internet sous gender, c’est une part importante du network pour accéder à une vraie intelligence compétitive».
Elle explique les challenges auxquels les femmes doivent faire face par la dimension temps, là où les femmes assurent deux ou trois fonctions à la fois (pour leurs familles): «Elles n’ont tout simplement pas le temps de s’investir dans des networks et il faut un shift culturel et un progrès des normes sociales pour leur en donner l’opportunité. Quand on parle de connexion Internet et de digital, il faut se rappeler que, dans les régions marginales de l’Afrique, les femmes n’y ont pas accès. Il faut réduire ce gap, réviser les networks pour qu’ils cessent d’être si gender blind!».






