La startup franco-tunisienne nextProtein a levé 18 millions d’euros (soit environ 20,7 millions de dollars) lors d’un tour de table de série B pour accélérer le déploiement industriel de ses protéines issues d’insectes. Cette levée de fonds vise à répondre à la demande croissante de ses clients dans les secteurs de l’aquaculture, de l’élevage et de l’alimentation pour animaux de compagnie.
Basée à Paris, avec des équipes à Lyon et Tunis, l’entreprise ambitionne de prouver que les ingrédients issus d’insectes peuvent rivaliser en coût et en volume avec les matières premières traditionnelles comme la farine de poisson.
Le financement a été co-dirigé par SWEN Capital Partners (Blue Ocean Fund) et British International Investment (BII), la banque britannique de développement. Les investisseurs historiques Mirova et RAISE Impact ont également renouvelé leur confiance, tandis qu’un financement complémentaire de 4 millions d’euros de dette a été obtenu auprès de Société Générale, CIC Paris Innovation et La Banque des Start-ups (LCL).
Ces fonds permettront à nextProtein d’ouvrir une deuxième usine en Tunisie, conçue pour produire jusqu’à 12 000 tonnes par an d’ingrédients à base d’insectes, dont environ 2 500 tonnes de poudre protéique. Cette capacité devrait permettre à l’entreprise d’atteindre la rentabilité et de renforcer sa présence sur les marchés d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique.
L’entreprise fabrique trois produits principaux dérivés des larves de mouche soldat noire :
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nextMeal, une farine protéinée dégraissée,
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nextOil, une huile énergétique,
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et nextGrow, un fertilisant naturel pour le sol.
Ces produits s’adressent d’abord aux fabricants d’aliments pour poissons, avant de s’étendre à l’élevage et à la nutrition animale, où les critères de durabilité prennent de plus en plus de valeur.
Fondée en 2015 par Syrine Chaalala (ancienne spécialiste de la FAO) et Mohamed Gastli (ingénieur chimiste), nextProtein repose sur une idée simple : transformer les déchets organiques agricoles en protéines durables et locales. Le modèle circulaire de l’entreprise, qui valorise des coproduits agricoles peu utilisés, permet de limiter les coûts et l’impact environnemental.
Selon Mohamed Gastli, cofondateur et CEO, « nextProtein produit désormais à une véritable échelle industrielle, en optimisant le coût et la disponibilité des matières premières, pas seulement la biologie ».
De son côté, Syrine Chaalala estime que le marché est « à un tournant » où la fiabilité de l’approvisionnement et la compétitivité des coûts détermineront les leaders du secteur.
Pour British International Investment, cette levée marque le premier investissement direct en Tunisie, signe d’un intérêt croissant pour les innovations climatiques africaines. « En transformant les déchets agricoles en aliments pour animaux à faible empreinte carbone, nextProtein montre comment la technologie agricole peut réinventer nos systèmes alimentaires », a déclaré Sherine Shohdy, directrice régionale Afrique du Nord chez BII.
Avec cette nouvelle levée de fonds, nextProtein compte désormais finaliser la mise en service de sa seconde usine tunisienne et atteindre son objectif de 12 000 tonnes annuelles, confirmant ainsi sa position parmi les producteurs de protéines d’insectes les plus compétitifs d’Europe.









