L’Association nationale des petites et moyennes entreprises (ANPME) a tiré la sonnette d’alarme sur la hausse continue du coût des services bancaires en Tunisie, un facteur qui, selon elle, limite sérieusement la compétitivité des institutions économiques et fragilise particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME).
L’association souligne dans son communiqué, publié aujourd’hui 3 novembre, que la structure actuelle des frais et commissions bancaires pèse lourdement sur le tissu productif, pourtant considéré comme le moteur principal de la croissance et de l’emploi dans le pays. Malgré l’importance du secteur bancaire dans le financement de l’économie réelle, la multiplication des charges — souvent peu transparentes — rend difficile la gestion financière des entreprises et alourdit les coûts de production.
Les données publiées par l’ANPME révèlent qu’un compte bancaire coûte en moyenne près de 996 dinars par an, auxquels s’ajoutent les frais liés aux cartes (30 à 120 dinars) et aux chéquiers (5 à 15 dinars). Les commissions sur transferts atteignent 0,5% pour les opérations internes et jusqu’à 1,25% pour les transferts internationaux, tandis que les retraits interbancaires sont facturés jusqu’à 3 dinars par opération. À cela s’ajoutent des frais administratifs de 10 à 25 dinars par service et des coûts de financement avoisinant 11 à 14% par an, compte tenu du taux directeur (TMM) et des marges de risque appliquées.
Absence de grille tarifaire unifiée
L’association met en garde contre les effets de ce système fragmenté: l’absence de grille tarifaire unifiée favorise des écarts importants d’un établissement à l’autre et crée une inégalité d’accès aux services financiers, en particulier pour les entrepreneurs et artisans. Ce déséquilibre pousse également certains acteurs économiques à se tourner vers l’économie informelle, jugée moins contraignante sur le plan financier.
Les PME, qui représentent plus de 90% du tissu économique tunisien, sont les premières à en subir les conséquences. Le manque de transparence dans la présentation des tarifs, les garanties élevées exigées par les banques et la réduction de la liquidité opérationnelle réduisent leurs chances d’investissement et d’expansion.
Pour remédier à cette situation, l’ANPME propose un ensemble de réformes structurelles, notamment:
- l’unification de la méthode de tarification bancaire et la publication de comparatifs officiels;
- la stimulation de la concurrence entre les banques afin de réduire les commissions;
- la mise en place de mécanismes de financement dédiés aux PME à taux préférentiels;
- le soutien à l’innovation financière et à la transition vers la fintech pour alléger les coûts;
- et, enfin, le développement d’alternatives de financement, telles que la finance islamique, le capital-risque et les banques de développement.
Selon l’ANPME, la maîtrise du coût bancaire est devenue un enjeu central pour restaurer la confiance dans le système financier tunisien et assurer une meilleure connexion entre la finance et l’économie réelle. Sans réforme rapide, le risque est de voir se creuser davantage l’écart entre les grandes institutions bien capitalisées et les petites entreprises, pourtant au cœur du développement local.









