Dans le but d’apporter des réponses aux questions concernant les infrastructures de connectivité en mettant sous lumière la qualité et l’efficience, l’IACE a tenu la 5ème édition de son Tunisia Economic Forum sous le thème :”Les infrastructures de connectivité en Tunisie”. Face à un parterre d’experts, divers points de vue et des plans d’action ont été exposés.
La question qui se pose est celle-ci: sommes-nous en train d’investir dans des infrastructures de qualité? Sommes-nous en train de tenir compte correctement de ces aspects dégagés lors des études de lancement et non pas uniquement lorsque cela est demandé par les bailleurs de fonds?” A dire vrai, ce sont une série de questions qui se posent, notamment celle relative à l’évaluation de la qualité des infrastructures suite à leur entrée en exploitation tout en effectuant un bon suivi qualitatif. Taieb Bayahi met l’accent sur l’importance d’un audit des infrastructures qui permettrait de déceler les défauts de celles-ci car dit-il : ”Des infrastructures de mauvaise qualité constituent un frein au développement économique et à la promotion des investissements.
”Et le fait est que selon le président de l’IACE, un long chemin reste à parcourir avant de pouvoir mettre en place des infrastructures conformes aux normes, qui correspondent nettement mieux aux attentes et besoins des investisseurs, et qui offrent une bien meilleure connectivité aux marchés nationaux et internationaux. En effet, tout cela permettra de faire face à des coûts de transport élevés supportés pour des déplacements inutiles et qui font que la compétitivité et la capacité concurrentielle d’une entreprise baissent de manière assez significative. “Par conséquent, il est essentiel de développer une stratégie nationale adéquate afin d’améliorer la qualité de nos infrastructures de connectivité,” insiste Taieb Bayahi.
S’agissant du transport maritime, le directeur technique de l’Office de la marine marchande et des ports, Jilani Hammami, a évoqué lors du premier panel du Forum tenu sur le thème: ”La qualité de l’infrastructure maritime”, un chiffre qu’il a qualifié de fortement intéressant. En effet, il a indiqué que 96% des opérations d’import-export en partance et à destination de la Tunisie sont assurées par le transport maritime. “Cela pour dire que l’efficience du système portuaire national ne peut être de ce fait qu’un facteur de première importance dans la performance et la compétitivité de notre économie ainsi que l’attractivité de notre site,” a expliqué Jilani Hammami.
En effet, cette efficience est d’autant plus importante qu’elle dépend de plusieurs facteurs et au vu de la situation actuelle, elle n’a eu de cesse de se détériorer, notamment en comparaison des pays voisins concurrents. Afin de mieux illustrer cette situation, le directeur technique de l’OMMP a évoqué l’Indice de connectivité du transport maritime régulier, édité par la Cnuced et qui mesure le niveau d’intégration du pays au réseau mondial du transport des marchandises. Cet indice est attribué sur une échelle de 100. La Tunisie a obtenu une note de seulement 6,5 et a été classée 132e sur 176. Lors d’une étude comparative avec les pays voisins et concurrents, en 2007, à titre d’exemple, la Tunisie était bien mieux classée que le Maroc et l’Egypte en termes d’infrastructure maritime. En 2017, soit dix ans plus tard, ces deux pays ont dépassé la Tunisie dans le même domaine qui, a contrario, a vu la qualité de son infrastructure régresser.
La gouvernance d’abord
Pour remédier à ces faiblesses et handicaps de nos systèmes portuaires, Hajer Farza, experte portuaire, soutient qu’il faut adopter une approche systémique. Le premier ingrédient nécessaire est une vraie volonté politique, sans quoi rien ne se fera. Ensuite, il faut améliorer la gouvernance administrative. “Aujourd’hui, nous ne pouvons plus parler de centralisation du pouvoir décisionnel”, lance-t-elle. Toujours dans le cadre du premier panel, la parole a été accordée à Frida Youssef, responsable division de la technologie et de la logistique.
Elle a déclaré : ”Aujourd’hui, les choses ne sont plus comme avant ! Il faut adopter une approche systémique intégrée afin d’assurer la qualité du service portuaire. Il s’agit en effet d’un enjeu d’envergure aussi bien économique que d’aménagement du territoire.” C’est selon cette approche donc qu’a été conçue une stratégie d’action afin de répondre à la problématique des ports et proposer un plan d’action pour assurer et améliorer la compétitivité du système portuaire. Frida Youssef a expliqué également qu’aujourd’hui il est question d’une nouvelle notion du port, il ne doit plus seulement servir les échanges de commerce extérieur mais de même le commerce international. Pour ce faire, la responsable a indiqué qu’il est indispensable que le port décline un indicateur de performance portuaire en adéquation avec les pratiques de l’économie internationale tout en assurant la compétitivité de l’économie nationale.
Pour une connectivité de qualité
Abordant le deuxième panel sous le titre: ”Qualité de l’infrastructure terrestre”, Slah Zouari, directeur général des Ponts et Chaussées, a présenté, lors de son intervention, la stratégie GPC mise en place depuis 2015. Il s’agit de fournir un service de qualité aux usagers de la route ainsi que de se rattraper pour réduire l’enclavement des zones défavorisées. “Un grand problème se pose : comment optimiser l’entretien des projets réalisés? Jusque-là au niveau de l’administration, l’action était plutôt rigide et il fallait penser à une solution alternative”, a expliqué Slah Zouari en poursuivant : “Nous avons de même travaillé sur l’investissement portant sur ce type de projet en réfléchissant à comment réaliser un réseau routier satisfaisant pour les usagers. Nous avons également travaillé sur tout ce qui est nécessaire afin d’améliorer le processus d’entretien.
”En effet, l’un des plans d’action mis en place par le ministère dans le cadre de la stratégie d’investissement concerne la réalisation de 1300 kilomètres de routes à l’horizon 2030. Actuellement, c’est environ la moitié de cet objectif qui est réalisée dont une partie concerne le projet de l’autoroute allant en direction de Kasserine et Sidi Bouzid qui sera entamé dans les prochaines semaines, couvrant un tronçon de 200 kilomètres. “En outre, des voies express seront réalisées en liaison avec toutes les régions en transversale, et ce, en vue de relier le littoral avec les zones frontalières tuniso-algériennes”, a ajouté Slah Zouari.
Intervenant sur la question de “la logistique et du transport multimodal”, Wissem Gaida Mahjoub, directeur général au sein du ministère du Transport, a indiqué à ce propos que ”la Tunisie décline des atouts importants en matière de logistique, à savoir la proximité avec l’Europe, l’existence d’une infrastructure intéressante, ainsi qu’un réseau ferroviaire et routier couvrant tout le territoire du pays. Face à cela, une politique nationale de développement de la logistique est mise en place afin de hisser le secteur à des niveaux à même de contribuer à la création des richesses.” Également, ladite politique ambitionne de participer à la création d’emplois ainsi qu’à l’amélioration de l’intégration de la Tunisie dans la chaîne mondiale des valeurs.
Les infrastructures et les services logistiques font office d’un réel indicateur de compétitivité. De ce fait, et étant un contributif indéniable dans la dynamique économique, il est impératif de mettre en place des services publics de qualité et assurer une bonne connectivité des entreprises tunisiennes. Le but principal de la manœuvre est d’offrir davantage de facilité d’accès aux marchés aussi bien nationaux qu’internationaux. C’est dans cette optique que l’IACE a tenté de contribuer au processus de promotion de la connectivité à travers l’exposition d’un plan stratégique établi à court, moyen et long terme. Objectif : développer la connectivité nationale et internationale.
Aussi, et dans le même cadre, l’IACE a élaboré une étude qui a été présentée au cours du Forum, et qui porte sur un plan d’action composé de 68 recommandations. Ces dernières visent à améliorer donc la qualité des infrastructures portuaires dans le pays ainsi que leur impact sur l’entreprise et le développement économique de la Tunisie. L’étude en question découle d’un travail collaboratif engagé par les représentants des deux secteurs public et privé et a pour objectif d’améliorer la qualité de toutes les composantes du système portuaire national ainsi que son efficacité. Ce dernier est composé d’infrastructures maritimes donc les ports, et terrestres c’est-à-dire le réseau routier et ferroviaire mais également l’administration, l’autorité portuaire, la douane, et notamment les différents professionnels du secteur.
L’étude menée par l’IACE fait ressortir un plan d’action qui repose sur quatre axes principaux et 68 recommandations, à savoir la garantie d’une bonne gouvernance, d’une efficacité économique, de la sécurité et la résilience face aux différents risques, la création d’emplois et le renforcement des capacités ainsi que l’amélioration de la mobilisation des ressources.