Une enquête de suivi sur 338 grands projets déclarés entre 2021 et 2024 dresse un état des lieux de la dynamique d’investissement en Tunisie. L’étude, menée par l’agence de promotion de l’industrie et de l’innovation et du ministère de l’industrie, portant sur un volume d’investissements déclarés de 3 016,1 millions de dinars (Mtnd) pour la création de 25 921 emplois, met en lumière des résultats encourageants, mais encore en deçà des attentes.
Au 30 juin 2025, 72,2 % des projets recensés ont été effectivement réalisés. Toutefois, les montants engagés n’ont atteint que 48,8 % des investissements annoncés, soit 1 471Mtnd, et seulement 42,3 % des emplois prévus ont vu le jour, avec 10 960 postes créés. Ces chiffres traduisent une réalité contrastée : si la majorité des projets se concrétisent, ils n’atteignent pas toujours leur pleine dimension en termes financiers et sociaux.
Les projets d’extension apparaissent comme le véritable moteur de la dynamique économique. Ils concentrent 80 % de l’investissement réalisé (1 172,9 Mtnd) et 93 % des emplois créés (10 182 postes). Leur taux de réalisation, estimé à 84,1 %, reste nettement supérieur à celui des nouvelles créations (46,2 %). Cette tendance confirme que les entreprises déjà installées trouvent un environnement plus propice à l’expansion que les nouveaux entrants.
Du côté des régimes d’investissement, les projets totalement exportateurs s’imposent comme les plus générateurs d’emplois, avec 8 266 postes, soit près de quatre fois plus que les projets destinés au marché local. Leur taux de concrétisation en matière d’emplois atteint 49,4 %, contre 29,3 % pour les autres régimes. En revanche, les investissements réalisés sont davantage dominés par les projets orientés vers le marché local ou mixte, qui représentent 62 % du total, soit 910,3 Mtnd.
L’étude révèle également le rôle déterminant des investisseurs locaux. Les Tunisiens assurent 60,3 % des investissements réalisés et 69 % des emplois créés. Les projets à participation étrangère, bien que représentant une part plus réduite, affichent une efficacité remarquable, avec un taux de réalisation de 89,5 % en nombre de projets et de 71,9 % en volume d’investissements. Les projets mixtes, en revanche, peinent à concrétiser leurs ambitions, notamment sur le plan de l’emploi (20,1% de réalisation).
Sur le plan sectoriel, trois branches concentrent les investissements réalisés : les industries agroalimentaires (31,9%), les industries mécaniques et électriques (25,8%) et les industries diverses (17,6%). En termes d’emplois, le secteur du textile, habillement et cuir domine, avec près de la moitié des postes créés (49,9%), suivi des IME (2 165 emplois) et des IAA (1 272 emplois).