La situation financière délicate de Tunisair n’est plus un secret. Elle a significativement affecté la qualité des services de la compagnie nationale. Les réseaux sociaux ont réagi avec ironie à l’annonce des ministères du Transport et du Tourisme d’étudier l’ouverture de nouvelles lignes, notamment vers des destinations stratégiques comme Pékin. Au-delà de ces réactions, la question mérite d’être posée: un tel projet est-il réellement envisageable?
La réponse est oui, mais cela a un coût, et implique des conditions strictes pour éviter qu’il ne se transforme en gouffre financier.
Le principal obstacle est la disponibilité d’appareils adaptés aux vols long-courriers. La solution la plus accessible reste la location. À titre d’exemple, le coût mensuel de location d’un Airbus A350 — un avion approprié pour ce type de liaisons — s’élève à environ 1 million de dollars. Avec une capacité moyenne de 350 sièges et un temps de vol d’environ 13 heures entre Tunis et Pékin, l’appareil pourrait assurer une rotation aller-retour tous les deux jours.
Sur le plan économique, en se basant sur un tarif moyen de 600 dollars par billet et un coefficient de remplissage de 50%, la recette mensuelle pourrait atteindre 3,15 millions de dollars. Ce niveau de revenus permettrait non seulement de couvrir les coûts de location, d’assurance et d’équipage, mais également de dégager un bénéfice, à condition bien sûr d’une commercialisation efficace.
En théorie, le projet peut donc être rentable. Dans la pratique, un obstacle majeur demeure: un manque potentiel de crédibilité financière de la compagnie auprès des sociétés de leasing. En tant qu’entreprise publique, Tunisair hérite de la notation financière modeste du pays, ce qui complique l’accès aux divers types de financement en devises.
L’initiative d’étudier la faisabilité de nouvelles lignes est donc pertinente, mais elle doit s’accompagner d’analyses approfondies, menées au cas par cas. Parallèlement, il est essentiel d’améliorer les lignes régulières existantes, car l’image de la compagnie reste un facteur clé dans le succès d’éventuelles liaisons long-courriers.