La bancarisation en Tunisie progresse principalement grâce à l’extension du réseau physique des agences bancaires. En 2024, 19 nouvelles agences ont été ouvertes, portant le nombre total de points de vente à 2 064, soit une densité d’une agence pour 5 759 habitants, contre 5 795 l’année précédente.
Cependant, la répartition géographique de ces agences reste très déséquilibrée, ce qui fait de la bancarisation un véritable enjeu national. La majorité du réseau est concentrée sur le littoral, qui regroupe près de 80% des agences, dont la moitié dans le Grand-Tunis. À l’inverse, les régions de l’intérieur du pays restent largement sous-desservies, en raison d’une activité économique limitée et d’un faible potentiel de collecte de dépôts. Dans ces zones, l’économie informelle est très présente, la circulation du cash reste prédominante, et les richesses créées par les ménages ou les entreprises échappent souvent aux circuits financiers officiels.
Un autre défi majeur concerne la baisse démographique dans l’ouest du pays, accentuée par l’exode rural et l’émigration clandestine.
Sur le plan de la rentabilité, les institutions financières sont peu incitées à s’implanter dans ces territoires. Elles privilégient plutôt le développement de services digitaux, susceptibles de combler en partie ces lacunes. Toutefois, les clients, particuliers et entreprises, restent attachés au contact humain et à la présence physique d’un conseiller en agence. De plus, les banques digitales et les établissements de paiement n’offrent pas encore des services complets comme l’octroi de crédits ou l’accès au découvert.
Enfin, une partie de la population, dont les revenus ne sont pas déclarés, évite volontairement le système bancaire, par crainte d’être repérée par l’administration fiscale. Ainsi, l’amélioration de la bancarisation dépasse la question des frais bancaires: elle repose avant tout sur la restauration de la confiance entre les citoyens et le système financier.