«Les premiers chiffres qui ont retenu mon attention dans l’étude d’Enactus Tunisia est le fait que les deux tiers des répondants étaient des étudiants, dont 58% de femmes et 42% d’hommes», atteste Radhi Meddeb lors de la tenue, les 2 et 3 juillet 2025, de la 16e exposition nationale d’Enactus Tunisia dédiée à l’entrepreneuriat social et à l’innovation.
Meddeb était au cœur du panel de discussion approfondie sur le thème “La Tunisie à l’horizon 2035: quelles opportunités pour nos jeunes?’’.
«Pas de recette magique mais faire confiance aux jeunes»
«Je ne suis pas étonné car chaque fois qu’un engagement s’impose, les femmes répondent plus promptement que les hommes. Mais j’ai été saisi par l’attitude d’optimisme que jeunes femmes et jeunes hommes tunisiens ont montrée au cours de cette étude. Cela me rappelle quelques mots d’Antonio Gramsci que j’affectionne particulièrement: ‘J’allie l’optimisme de l’action au pessimisme de la réflexion’. Pourtant, l’étude a révélé que les jeunes étaient plus optimistes pour leur propre personne que pour les autres. Trouver leur chemin dans l’adversité nécessite beaucoup de discernement», commente Radhi Meddeb.
Il revient sur cette nécessaire qualité de discernement que les jeunes ont probablement acquise en comprenant la situation imposée par les inadéquations entre leurs études universitaires et leurs chances de décrocher un emploi.
Il écarte d’un geste les thèses de faiblesse régionale: «La Tunisie est désormais un village. La réussite de nos jeunes n’est plus tributaire de telle ou telle région. Je vous rappelle que Karim Beguir est originaire de Tataouine! Et le journal français ‘Le Monde’ vient de publier un article intitulé «Les Tunisiens qui montent dans la musique» où on constate que les talents viennent de l’intérieur du pays. D’ailleurs, l’un d’entre eux a été encadré par Comete. Il n’y a pas de recette magique: il faut faire confiance aux jeunes. C’est cette confiance que j’ai connue quand, jeune ingénieur, on m’a donné ma chance à Phosphate Gafsa».
L’IA en partenariat win-win
Pour lui, la confiance est cependant insuffisante et il faut nous atteler à des transformations structurelles pour booster les jeunes: «Lors de l’étude, les jeunes ont mis le doigt sur les grandes transformations globales nécessaires. D’abord, réformer le système éducatif en l’ouvrant sur le monde économique. C’est un chantier immense qui suppose la réforme des programmes, du corps éducatif et des infrastructures. Ensuite, opérer une transition énergétique pour que les énergies renouvelables deviennent dominantes, et lancer une véritable transformation digitale qui nous porte du statut de consommateurs au stade de producteurs. Enfin, réussir notre transition générationnelle avec les défis de retraite, de santé…».
Radhi Meddeb s’arrête devant l’un des résultats de l’étude selon lesquels les plus grandes opportunités d’emploi sont, dans l’ordre: le freelance, l’immigration, l’entrepreneuriat, le travail dans le secteur privé et, en dernier, dans le secteur public. Selon lui, il faut y apporter de la nuance: «Au lieu de l’immigration vue par les étudiants comme une opportunité, je préfère le concept de mobilité. Aller faire quelques années à Londres, puis Athènes… et revenir créer de la richesse en Tunisie. L’immigration est un appauvrissement en talents et en énergie. Cela alors que la mobilité signifie une plus grande ouverture de notre pays».
Laissant le commentaire sur l’IA pour la fin, Meddeb rappelle que celle-ci a besoin d’un grand nombre de data centers qui consomment énormément d’énergie et qu’il faudrait penser à des partenariats win-win où brilleraient les nombreux Tunisiens qui se sont déjà fait un nom dans l’IA.