Le grand message de Bjorn Rother est l’engagement effectif de la Tunisie dans une stabilisation macroéconomique. Non sans mentionner que la rigueur budgétaire imposée n’était pas une fin en soi mais un instrument pour renforcer les fondements de la croissance économique. Elle est justifiée aux yeux de l’argentier mondial par un accroissement des vulnérabilités durant les deux dernières années telles que la hausse de l’endettement public et externe, l’accroissement de l’inflation ainsi que la baisse des réserves de la Banque centrale. Ceci s’est traduit par une stabilisation et une mobilisation des politiques pour réduire progressivement le déficit budgétaire. Résultat des manœuvres : le déficit est passé de 6% en 2017 à 3,9% en 2019, ce qui est de nature à freiner l’accroissement de l’endettement public.
Le responsable du FMI affirme que le gouvernement a bel et bien adopté une approche volontariste pour maîtriser et améliorer la qualité du déficit.
Autre élément de satisfaction lors de cette 5ème revue est la hausse du taux directeur et le resserrement du taux de financement des banques qui ont été à l’origine de la maîtrise relative de l’inflation. Ajouté à cela, la flexibilité du dinar dont la valeur est déterminée à travers un équilibre entre l’offre et la demande. Ce qui est de nature à équilibrer la balance courante. Un effet qui reste encore à démontrer !
Bjorn a signalé que d’autres volets ont été mis en œuvre pour accompagner les politiques de stabilisation et la hausse des prix de l’énergie, notamment le renforcement de la protection sociale. Ainsi, les transferts vers les familles vulnérables ont été accentués. Aussi, il a été mentionné une consolidation des piliers d’une croissance inclusive.
« On a observé que les politiques fiscales et monétaires développent leurs impacts anticipés. D’abord, le budget est conforme au cycle budgétaire et les politiques monétaires sont parvenues à faire baisser l’inflation », a-t-il déclaré.
Marouane Al Abassi a, de son côté, exprimé sa satisfaction à retrouver un taux d’intérêt réel positif grâce à l’augmentation de 175 points de base en une année et d’autres mesures telles que les 40%/60% ou le crédit loan to deposit. C’est carrément un changement de comportement. Les prix s’approchent des coûts d’opportunité. L’inflation se stabilise malgré un niveau élevé de l’inflation sous-jacente.
Les chantiers qui pèsent
En dépit de l’efficacité mentionnée des politiques macroéconomiques, Bjorn soulève l’existence de deux risques majeurs : un ralentissement de la croissance et la hausse du dinar. Pour le premier, le FMI appelle à la mise en place de réformes structurelles pour asseoir et accroître le rôle du secteur privé.
Un secteur informel à combattre
Selon Al Abassi, les travaux de la BCT ont fait ressortir que le montant des liquidités en dehors du secteur bancaire dans les zones frontalières s’élève à 3,4 milliards de dinars. Le secteur informel est évalué beaucoup plus, de l’ordre de 10 à 15% du PIB ce qui revient environ à 15 milliards de dinars, toujours selon le gouverneur.
A ce titre, la Banque centrale est en train d’avancer avec le ministère de l’Économie numérique ainsi qu’avec celui des Finances sur une politique de decashing et de mobile payment qui vont devoir voir le jour d’ici la fin d’année