La Tunisie s’oriente vers une augmentation des salaires et des pensions de retraite pour les années 2026, 2027 et 2028, selon l’article 15 du projet de loi de finances 2026. Cette mesure, confirmée par l’expert en droit du travail et sécurité sociale Hafedh Amouri sur les ondes de la radio nationale, concernera le secteur public, le secteur privé ainsi que les pensions des retraités.
Amouri rappelle que 1 278 000 retraités sont concernés, répartis entre 34,9 % dans le public et 65,1 % dans le privé. Il souligne que l’importance de cette réforme est double : son impact social pour les retraités, mais aussi son poids financier sur l’État et sur les caisses sociales, en particulier la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour le privé.
L’Assemblée des représentants du peuple a proposé que la hausse des pensions soit d’au moins 7 %, une augmentation qui devrait être alignée sur la revalorisation du salaire minimum (SMIG). Dans le privé, toute hausse du salaire minimum entraîne automatiquement une hausse équivalente des pensions. Amouri estime que cette augmentation pourrait être appliquée dès janvier 2026, avec une consultation des partenaires sociaux pour garantir une hausse acceptable pour les petites et grandes entreprises.
Sur le volet fiscal, l’expert rappelle que 25 % du montant de toute pension est déjà exonéré d’impôt. Le Parlement souhaite porter cette part à 40 %, puis jusqu’à 50 %, ce qui rendrait la moitié de la pension non imposable. Mais la ministre des Finances a averti que cette mesure coûterait à l’État près de 900 millions de dinars, un montant difficile à absorber dans un contexte budgétaire marqué par un déficit important et un recours accru à l’emprunt.
Hafedh Amouri ajoute que 56 % des retraités du secteur privé sont déjà totalement exonérés d’impôt, car leurs pensions ne dépassent pas 5 000 dinars par an, ce qui reflète la faiblesse des montants perçus. Il rappelle également que certaines pensions du secteur public restent très basses, notamment celles des personnes ayant travaillé de courtes durées.
Il estime néanmoins que la hausse des salaires ne sera pas inférieure à 7 %, même si elle pourrait être plus limitée dans le secteur public en raison des charges importantes inscrites dans le budget 2026, notamment les 52 000 recrutements et régularisations prévus, ainsi que la décision adoptée hier concernant la régularisation des agents de l’« ancienne modalité 16 ».
Enfin, Amouri insiste sur le fait que la hausse du salaire minimum ne concerne pas uniquement les retraites, mais toutes les catégories de pensions, y compris les pensions d’orphelins et les pensions liées aux accidents du travail. Il note par ailleurs que, malgré le ralentissement officiel de l’inflation, la réalité reste difficile pour les ménages, notamment à cause de la hausse continue des loyers.
Cette réforme, si elle est adoptée définitivement, représenterait un soutien direct au pouvoir d’achat des salariés et des retraités, tout en posant des défis majeurs pour la soutenabilité budgétaire.









