Assane Gueye, entrepreneur sénégalais, soutient une idée claire : sans accès aux informations et aux outils digitaux, l’Afrique ne pourra pas remporter le combat pour la sécurité alimentaire. Ses solutions agritech visent à faire du producteur un décideur informé, en mesure de planifier, produire et vendre au prix approprié. L’agriculture en Afrique progresse à pas de géant vers la digitalisation. Pour Assane Gueye, cette évolution ne consiste pas seulement à relier les domaines, mais aussi à restituer le pouvoir aux producteurs eux-mêmes. Sa philosophie : en l’absence de données précises et d’une vision claire des marchés, les agriculteurs demeurent dans une situation d’insécurité, malgré leur importance cruciale dans le secteur alimentaire.
Lors de l’événement GAICA 2025, il a exposé une variété d’outils numériques destinés aux petits et moyens exploitants. Au centre du mécanisme, une « calculatrice intelligente » qui permet au producteur de simuler sa saison : choix des cultures, volumes, coûts, prix de vente, besoins de financement. « Grâce à cet outil, explique-t-il, le producteur peut optimiser sa production et mieux répondre aux besoins du marché. » Autrement dit, passer d’une logique subie à une stratégie de décision basée sur les données.
La plateforme qu’il conçoit va au-delà de la simple planification. Elle offre l’opportunité d’obtenir des recommandations techniques, des données de marché, des alliés financiers et des perspectives commerciales structurées. L’objectif est de deux volets : assurer un revenu plus fiable et diminuer les pertes après récolte en guidant la production vers les acheteurs appropriés, au moment opportun.
Assane Gueye met l’accent sur l’effet social et environnemental de cette méthode. Les outils numériques, en soutenant les agriculteurs dans l’optimisation de leurs ressources, de leurs superficies et de leurs plannings agricoles, favorisent une gestion plus judicieuse de l’eau, des fertilisants et des terres. Ils dégagent aussi du temps et de la visibilité pour investir dans la formation, la diversification ou la transformation locale.
Il reste à mettre en œuvre à grande échelle. Pour y arriver, l’entrepreneur met en avant trois éléments essentiels : le financement, pour mettre en place les solutions au-delà des projets pilotes ; les infrastructures numériques, pour relier les zones rurales ; et la formation, pour initier les producteurs à ces nouveaux instruments. Il considère des initiatives comme la Startup Act de Tunisie comme un modèle à suivre pour structurer de manière plus efficace l’écosystème africain de l’innovation dans le domaine agricole. Assane Gueye envisage pour 2050 un agriculteur africain connecté et formé, en mesure de prendre des décisions en temps réel s’appuyant sur des données fiables. Un cultivateur qui administre ses ressources de la même manière qu’un directeur d’entreprise et participe activement à une souveraineté alimentaire durable. Pour lui, la technologie n’est pas un but en soi, mais un catalyseur de dignité et de fierté pour le monde rural africain.








