«L’Afrique représente indéniablement une très grande opportunité. Nous sommes présents au Kenya, en RDC, en Mauritanie, au Sénégal et en Tunisie. Le projet est en 3 composantes: accompagnement, internationalisation, environnement propice. Car Qawafel se définit comme une dynamo pour l’innovation et nous avons une vision globale à travers notre vision Afrique», atteste Belhassen Jouini, responsable principal des subventions Qawafel pour l’internationalisation des PME, lors du deuxième panel qui s’attache aux questions les plus pratiques lors de la 4e édition des Journées de l’innovation et du partenariat IPDays x GITS 2025, organisée par RedStart Tunisie les 12 et 13 novembre 2025 à Tunis, sur le thème ‘L’international’.
Tout le monde sur le terrain!
Cette édition affiche l’ambition de marquer un tournant stratégique pour l’écosystème entrepreneurial tunisien et africain. Wafa Bchir, CEO de Connect Innov, Program Lead Expan’Africa, décrit la voie pour y parvenir: «Quand nous avons voulu aller plus loin vers le continent africain, Qawafel nous a aidés dans notre visée du Sénégal et de la Mauritanie où nous avons sélectionné une dizaine de PME et startups. Nous avons mené des études de marché puis nous avons débattu avec des acteurs du secteur de la santé (hôpitaux, distributeurs, institutions…) via des rencontres B2B, podcasts, webinaires… Nous avons organisé des voyages immersifs avec plus de 20 contrats et 6 appels d’offres. Les 10 entreprises ont trouvé des partenaires locaux qui les représentent désormais. Nous avons amené des experts et nous avons organisé des échanges entre les entreprises».
Ce travail sur le terrain trouve sa place dans la logique de Mike Bondo, responsable accompagnement entrepreneurial, Silikin Village, RDC: «Il y a deux mois, nous avons accueilli un événement similaire en RDC et nous avons mis en place un programme d’accompagnement structuré pour les secteurs-clés. Il apparait évident que nous avons tous les mêmes besoins et il est important de venir voir ici, en Tunisie, la réalité des choses. C’est notre présence sur le terrain et le contact direct avec les acteurs qui permettent de tester le marché».
Les 3 enseignements de Lead Wing4Africa et FET
Sahar Mechri, Program Lead Wing4Africa, Femmes Entrepreneures de Tunisie, retrace son soutien des IPDays: «J’ai vu naître les IPDays et, aujourd’hui, je les vois s’internationaliser. Avec les programmes Femmes Entrepreneures de Tunisie et Lead Wing4Africa, nous avons également appris au cours des années. Nous en sommes sortis avec 3 enseignements. Primo, comment pallier le problème de manque d’infos éprouvé par les entrepreneurs. Nous avons pressenti l’importance de l’intelligence économique, du dit et du non-dit, des infos pratiques que l’on ne peut pas trouver dans les rapports. Secundo, je me rappelle de ces emballages qu’une entreprise a dû changer parce qu’ils étaient ostentatoires du point de vue de la culture locale. Et nous avons compris la nécessité de trouver des partenaires locaux ancrés dans l’écosystème et ayant de la crédibilité auprès des institutions. Cela nous a fait éviter bien des erreurs et nous a fait gagner du temps. Tertio, être attentif à la phase contrat car il y a beaucoup de coûts cachés et il faut s’interroger sur le mécanisme de paiement et les assurances; c’est là que des entreprises ont perdu beaucoup de temps et d’argent».
Khaled Mehiri, coordinateur GET’iT, programme Prop’A, insiste particulièrement sur la valeur du temps pour travailler dans le continent: «Nous travaillons avec Qawafel et d’autres bailleurs pour la prospection, et nous faisons gagner beaucoup de temps aux entreprises. En Afrique de l’Ouest, au lieu des partenaires classiques, nous avons eu recours à un contact local qui avait de l’entregent pour nous aider dans des rendez-vous ciblés. Mais, quand même, nous n’avons pu signer nos deux premiers contrats qu’après la troisième action que nous avons menée. C’est ainsi; en Afrique, les résultats mettent du temps avant d’être atteints».
Abir Azzi, consultante ONUDI, Programme Creative Tunisia, expose le cas de l’artisanat comme cas particulier de l’internationalisation: «Notre programme travaille sur l’authenticité de l’artisanat et sur son savoir-faire. Aller à l’international nécessite de nombreux outils alors que la concurrence vend à des prix serrés. Les atouts de la Tunisie sont ses créateurs locaux, ses artisans, ses designers… et, ensemble, ils sont capables de présenter la Tunisie comme un pôle créatif dans ce secteur. En Afrique, nous arrivons avec beaucoup d’améliorations pour parvenir à proposer des produits concurrentiels, exigeants en qualité. Mais il faut saisir le fait que la préparation de l’internationalisation nécessite beaucoup de travail en amont».









