Lors du Congrès mondial de la Jeune Chambre Internationale (JCI), organisé du 4 au 8 novembre 2025 à Tunis, la capitale a vibré au rythme de l’innovation. L’événement, qui a réuni de nombreux participants — entrepreneurs, jeunes leaders et entreprises venus des quatre coins du monde — a placé la Tunisie au centre du dialogue mondial sur la transformation numérique.
Le panel intitulé «Leading by Technology – Comment la tech et l’IA redéfinissent l’économie régionale », tenu ce mercredi 5 novembre, a rassemblé trois experts tunisiens: Sami Ghzal, Amor Bouzouada et Omar Triki. Ensemble, ils ont dressé le portrait d’un pays en pleine mutation, misant sur la technologie et l’intelligence artificielle comme leviers de compétitivité et de développement durable.
«L’intelligence artificielle constitue une opportunité stratégique pour moderniser l’économie tunisienne, améliorer les performances des entreprises et bâtir une administration plus efficiente» souligne Sami Ghzal, directeur de l’économie numérique et de l’investissement au ministère des Technologies de la communication. Il a détaillé la vision nationale, fondée sur quatre piliers : le développement des compétences numériques, la modernisation de l’infrastructure de données, l’adaptation du cadre légal et la promotion de l’innovation dans des secteurs à fort potentiel tels que la fintech, la santé numérique ou la cybersécurité.
« La Tunisie croit au potentiel de ses jeunes, à leur créativité et à leur capacité de transformer les idées en projets concrets », affirme Ghzal, rappelant que la protection des données et la sécurité numérique sont désormais aussi importantes que la sécurité nationale.
Prenant le relais, Amor Bouzouada, directeur général de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII), a posé une question clé: «Notre industrie suit-elle la technologie ou la pilote-t-elle ? » Pour lui, la Tunisie doit passer d’un modèle industriel classique à une économie guidée par la technologie.
Bouzouada explique, œuvre à ancrer l’innovation dans le tissu industriel à travers plusieurs initiatives: la publication prochaine d’un guide d’idées de projets porteurs recensant 40 opportunités d’investissement dans les secteurs durables, le lancement d’un guichet virtuel de l’innovation pour accompagner les jeunes porteurs de projets, et le développement du Hub 4.0 pour aider les entreprises à réussir leur transition numérique.
Bouzouada a également insisté sur les modes de financement alternatifs comme le crowdfunding, tout en alertant sur « les enjeux éthiques et de cybersécurité » qu’impliquent les nouvelles technologies.
« Plus de 84 % des Tunisiens sont connectés à Internet, le secteur des TIC pèse 11 % du PIB et la Tunisie compte plus de 2 200 entreprises technologiques actives» ajoute Omar Triki, directeur du Program Management Office à la Fondation Tunisie pour le Développement. Il rappele aussi que le Startup Act a déjà labellisé 1 200 startups, dont 25 % centrées sur l’intelligence artificielle — un ratio supérieur à celui de la France.
Pour lui, la Tunisie dispose de trois atouts stratégiques : un vivier de talents exceptionnels, une position géographique au carrefour de trois continents et une volonté politique affirmée en faveur de la transformation numérique.
« La Tunisie ne cherche pas à dominer par la taille, mais par la vision », a-t-il conclu. « En menant par la technologie, elle peut devenir un pont entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe».








