Le Maroc entend exploiter l’intelligence artificielle (IA) comme levier stratégique de croissance et de modernisation de l’État. Pour ce faire, le royaume investit massivement dans les infrastructures numériques, la formation des jeunes et les partenariats internationaux. En parallèle, il met en place un dispositif législatif robuste afin de garantir la sécurité, la confiance et l’efficacité du secteur numérique.
La réforme législative est incarnée par la future loi-cadre «Digital X.0», actuellement en cours d’examen au secrétariat général du gouvernement. Cette loi constitue le socle juridique d’une gouvernance numérique structurée. Elle fixe les principes de protection des données, d’identité numérique et d’interopérabilité entre services publics et acteurs privés, tout en encadrant l’usage de l’IA dans les sphères publiques et privées. L’ensemble s’inscrit dans la feuille de route nationale «Maroc Digital 2030», qui vise à faire du royaume un hub numérique régional et un acteur compétitif de l’intelligence artificielle.
Infrastructures, gouvernance et formation
La loi-cadre repose sur trois axes clés: la gouvernance des données, l’identité numérique et l’interopérabilité. Elle encadre la circulation des informations conformément à la loi 09-08 sur la protection des données personnelles. L’identité numérique sectorielle qu’elle introduit limite l’accès aux données au strict nécessaire, tandis que l’interopérabilité repose sur le consentement explicite et traçable des usagers. La cybersécurité, pilier transversal du dispositif, vise à instaurer un climat de confiance numérique sans freiner l’innovation.
Parallèlement, le Maroc investit dans des infrastructures numériques de pointe, notamment des data centers à Dakhla, Ben Guérir et Rabat, alimentés à plus de 70% par des énergies renouvelables. Au plan humain, la stratégie «Maroc Digital 2030» ambitionne de former 200 000 jeunes aux compétences numériques et à l’intelligence artificielle, pour bâtir un vivier de talents capables d’accompagner la transition technologique.
Le royaume renforce également ses partenariats internationaux. Un accord stratégique a été signé avec la startup française Mistral AI, pour créer un laboratoire dédié aux modèles linguistiques multilingues couvrant l’arabe, l’amazighe et les langues africaines. Ce partenariat illustre la volonté du Maroc d’ancrer une IA contextualisée et inclusive.
Avec la loi-cadre «Digital X.0», le Maroc aspire à consolider sa souveraineté numérique, structurer un écosystème compétitif d’intelligence artificielle et promouvoir une innovation responsable. Cette démarche, articulée autour de la formation, de la régulation et de la recherche, traduit la vision d’un pays qui mise sur la technologie pour moderniser son administration, stimuler son économie et s’affirmer comme un acteur numérique de premier plan sur le continent africain.


