Les critères de durabilité influencent désormais la majorité des décisions d’investissement, et la Tunisie ne fait pas exception. Selon les analyses présentées par Walid Masmoudi, expert comptable, lors du séminaire Inside Sustainability organisé ce 29 octobre 2025 en partenariat avec The International EPD System, 91% des investisseurs mondiaux exigent aujourd’hui des informations précises sur les performances ESG (environnement, social et gouvernance) avant tout engagement financier.
Vers une nouvelle culture de la durabilité
Cette évolution modifie profondément la manière dont les entreprises tunisiennes sont évaluées et financées. D’après Masmoudi, plus de 56 % des investisseurs ont déjà interrompu des transactions en raison de résultats ESG insuffisants, tandis que 40 % ont constaté une baisse de valorisation au moment de la sortie de capital. Il estime que la prise en compte de la durabilité est désormais « un passage obligé pour les entreprises souhaitant attirer des financements ou renforcer leur crédibilité sur le marché ».
L’expert a également souligné l’importance d’une due diligence ESG complémentaire à l’évaluation financière traditionnelle, afin d’analyser la résilience et les risques non financiers des entreprises. Les secteurs industriels tunisiens sont particulièrement exposés, notamment en matière de gestion des déchets, d’émissions polluantes ou de conformité réglementaire.
De son côté, Imed Gharbi, Expert Low Carbon Transition Strategy 2030-2050, a insisté sur la nécessité de renforcer les compétences locales dans la mesure et la certification de l’empreinte environnementale. Il a noté que le bilan carbone demeure souvent approximatif en Tunisie, en raison du manque d’organismes de vérification indépendants. « Beaucoup d’évaluations reposent encore sur des hypothèses, ce qui limite leur crédibilité », a-t-il observé, tout en appelant à prendre aussi en compte l’empreinte hydrique, enjeu importantdans le contexte tunisien.
Les deux intervenants ont rappelé le rôle structurant de la déclaration environnementale du produit (EPD), qui permet de quantifier l’impact environnemental d’un produit à travers plusieurs indicateurs, dont la consommation d’eau, d’énergie et les émissions de CO₂.
Pour Gharbi, la priorité est de créer une culture de la durabilité adaptée au contexte local. « Les standards internationaux, comme le Global Reporting Initiative (GRI) ou le label RSE Tunisie, doivent être ajustés à nos réalités économiques et environnementales », a-t-il ajouté.
À travers ce séminaire, Forvis Mazars et ses partenaires ont souligné un constat clair : la durabilité devient un facteur clé de compétitivité et d’attractivité pour les entreprises tunisiennes, appelées à s’aligner sur les standards internationaux pour rester dans la course aux investissements.









