Les investissements dans le secteur des énergies renouvelables ne cessent de croître en Tunisie. Ces dernières années, une tendance claire vers la hausse des activités liées à ce domaine se dessine, impliquant aussi bien des entreprises tunisiennes et étrangères que des associations actives dans la transition énergétique.
Selon les données du Registre national des entreprises (RNE), 32 annonces ont été publiées en 2025, contre 25 en 2024 et 28 en 2023. Cette progression témoigne de l’intérêt croissant pour un secteur devenu stratégique à la fois sur le plan économique et environnemental.
Parmi les initiatives marquantes, on note la publication au Journal officiel de la République tunisienne (JORT), en 2024, de la constitution de l’Association tunisienne de l’énergie durable et des systèmes intelligents. Cette structure a pour objectif de promouvoir l’utilisation des sources d’énergie renouvelable, de contribuer à la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles, et d’encourager la recherche et l’innovation dans le domaine de l’efficacité énergétique et des technologies intelligentes. En 2025, de nouvelles entités ont également vu le jour au RNE, illustrant la continuité de cette dynamique.
La majorité des entreprises de ce secteur se distinguent par leur régularité dans la publication de leurs annonces et de leurs états financiers, signe d’une certaine structuration du tissu économique. Mais la question demeure: ce volume d’activité est-il suffisant pour impulser un véritable dynamisme durable au secteur?
Un appui progressif de l’État à travers les lois de finances
L’analyse des lois de finances de 2023, 2024 et 2025 révèle une volonté progressive de l’État de soutenir les énergies renouvelables à travers divers mécanismes fiscaux et financiers.
En 2023, la loi de finances a introduit une réduction des droits de douane pour encourager l’importation de matériel lié aux énergies renouvelables. Elle a également prévu une déduction supplémentaire de 50% des dépenses d’innovation, dans la limite de 400 000 dinars par an, en vertu de l’article 27 du décret-loi n° 79-2022 du 22 décembre 2022. Le décret d’application, publié au JORT le 9 janvier 2024, précise que cette déduction s’applique aux entreprises investissant dans l’innovation technologique, à l’exception des secteurs financier, minier, immobilier ou télécoms — sauf lorsqu’il s’agit de projets dans les énergies renouvelables.
L’année 2024 a marqué un tournant avec l’article 48 de la loi de finances, qui introduit une déduction supplémentaire de 30% (au titre de l’amortissement) pour les entreprises investissant dans des équipements et matériels productifs d’énergies alternatives et renouvelables. Cette mesure s’applique à la première année suivant l’acquisition, la fabrication ou la mise en service des équipements, et constitue une incitation directe à l’investissement dans l’infrastructure verte.
En 2025, l’État a élargi son champ d’action à travers plusieurs mesures ambitieuses. D’abord, la création d’une ligne de financement de 20 millions de dinars, alimentée par le Fonds de lutte contre la pollution, destinée à soutenir les projets relevant de l’économie verte, bleue et circulaire. Cette ligne, gérée par les banques sous la supervision du ministère des Finances et du ministère de l’Environnement, vise à faciliter l’accès au financement pour les jeunes entrepreneurs et les entreprises investissant dans des projets durables.
Dans le domaine des transports, la loi de finances 2025 encourage également la mobilité électrique à travers:
- la réduction du taux de TVA à 7% et l’exonération de la taxe de consommation sur les véhicules hybrides rechargeables;
- la réduction du taux de TVA à 7% pour les bus et camions équipés de moteurs électriques;
- la baisse des droits de douane de 43% à 10% et de la TVA de 19% à 7% sur les dispositifs de recharge des véhicules électriques importés jusqu’au 31 décembre 2027.
Enfin, la même loi prévoit la réduction des droits de douane sur les panneaux solaires, passant de 30% à 10% à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, afin de réduire le coût de production d’électricité solaire et d’encourager son adoption à grande échelle.
Ces mesures traduisent une évolution graduelle de la politique nationale en matière d’énergie durable, combinant fiscalité incitative, soutien financier et facilitation des importations d’équipements verts. Toutefois, la consolidation de ce secteur dépendra aussi de la régulation du marché, de l’amélioration des cadres de partenariat public-privé et du renforcement de la production locale de technologies renouvelables.