Positionner la Tunisie comme un hub automobile durable et compétitif, moteur d’innovation technologique, d’emplois hautement qualifiés et de standards élevés en matière de responsabilité à chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement. Tel est l’ambitieux credo de la 9e Assemblée générale ordinaire de la Tunisian Automotive Association (TAA) tenue à Tunis, le 25 septembre 2025.
«Nous sommes face à une grande transformation du secteur automobile, avec une tendance de développement du software et une prépondérance de l’industrie chinoise. Nous devons rester en veille et attentifs aux signaux du marché. Avec nos atouts, nous avons la capacité de nous imposer comme une véritable plateforme régionale d’innovation», affirment Lamia Fourati et Imed Charfeddine, vice-présidents de la TAA, devant les membres et partenaires de l’association.
Automotive Academy et Smart City
«Nous devons répondre aux besoins du nearshoring. Il y a beaucoup d’opportunités en Afrique et de grandes voies de coopération avec les pays du Sud en matière de formation, d’accompagnement aux salons, de réglementation… La Tunisie est capable d’accompagner le secteur automobile asiatique chez nous et créer ainsi de nouvelles opportunités pour les membres de la TAA», soulignent-ils.
Selon eux, la Tunisian Automotive Management Academy (TAMA) est un jalon fort de l’association mais elle doit s’adapter à la demande sur l’IA, les certifications internationales, les data systems, les nouvelles applications. «C’est un capital à développer en parallèle des projets structurants, notamment la Smart City Automobile, le référentiel des métiers et des compétences (plus de 30 métiers de demain), le répertoire sectoriel (source book), l’accompagnement personnalisé ESG/RSE, la qualification de la chaîne d’approvisionnement responsable, la compétitivité et l’innovation industrielle, la conformité et l’accès aux marchés», ajoutent-ils.
Une dynamique d’attraction des investissements
La TAA consolide le rôle de la Tunisie dans le secteur de l’automobile. En 2024-2025, la TAA a multiplié ses efforts: réunions mensuelles, échanges constants et coopération étroite avec ses partenaires, notamment la coopération allemande. L’association a poursuivi sa mission: valoriser toute la chaîne de valeur automobile tunisienne. Son action dépasse les frontières. La TAA a marqué sa présence dans des rendez-vous internationaux majeurs: IAA Mobility à Munich, E-Mobility Show en Ouganda et l’IATF à Alger. Ces participations ne sont pas symboliques. Elles renforcent la place géostratégique de la Tunisie en Afrique et en Europe. Résultats: d’abord, plus d’investissements dans les sites industriels tunisiens. Ensuite, de nouveaux partenariats technologiques. Et, enfin, une montée en puissance des usines locales, reconnues comme innovantes et pionnières dans la région.
Une place au soleil
L’événement a été l’occasion de discuter et d’approuver les rapports moral et financier, de passer le flambeau d’un commissaire aux comptes à un autre et de signer des accords de partenariat structurants avec le RSCI et la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK), dans le but de renforcer une coopération économique tournée vers l’impact technologique et environnemental sur le secteur.
L’événement a également accueilli un panel intitulé “Driving Responsibility: The Future of Tunisian Automotive Supply Chains”, organisé en collaboration avec The Responsible Supply Chain Initiative (RSCI) pour mettre en avant les défis et opportunités liés aux chaînes d’approvisionnement responsables.
Rappelons que la filière automobile tunisienne représente près de 80% des exportations industrielles du pays, avec un volume d’affaires estimé à 4 milliards de dinars d’ici fin 2025, contribuant ainsi à hauteur de 4% au PIB national. Elle regroupe environ 300 entreprises et emploie plus de 100 000 personnes, dont entre 12 000 et 15 000 ingénieurs spécialisés. Cette évolution est portée par des initiatives ciblées de Recherche & Développement, notamment sur des projets axés sur les systèmes d’aide à la conduite, la maintenance prédictive et les plateformes de mobilité intelligente, favorisant l’implantation de nouvelles filiales internationales en Tunisie.
Cela arrive à un moment où l’industrie automobile mondiale traverse une phase de mutation accélérée, portée par l’électrification des véhicules, la mobilité connectée et l’intégration croissante des technologies de pointe, l’IA et le software. Là où la Tunisie est capable de se faire une place au soleil grâce à ses compétences en ingénierie logicielle et ses initiatives en matière d’innovation.
Témoignages
Myriam Elloumi, présidente de la TAA: «Positionner la Tunisie dans l’industrie automobile du futur»
«2025 a été une année qui a accueilli de nombreuses initiatives pour renforcer l’écosystème de la TAA. Toute ma reconnaissance à tous les membres de notre association pour leur implication et la valeur ajoutée qu’ils ont apportée au secteur. Parmi les points marquants de notre mandat, il faut citer l’ajout du 6e pilier de la durabilité au pacte de compétitivité du secteur, le projet Automotive Smart City, le focus sur l’innovation et l’accompagnement du secteur automobile tunisien en matière de développement durable. C’est une montée en compétitivité et en innovation qui a été accompagnée d’un effort d’amélioration de la visibilité du secteur automobile tunisien, notamment par la participation à de nombreux événements internationaux. Notre but global a été de positionner la Tunisie à l’avant-garde de l’industrie automobile du futur».
Wissem Badri, trésorier de la TAA: «Pour l’émergence d’un constructeur automobile de premier ordre en Tunisie»
«Cette 9e AGO nous rappelle le début en 2016 quand le secteur automobile, pourtant très porteur, n’était pas suffisamment encadré par le gouvernement. C’est là que nous avons créé cette association. J’étais là, DG d’une multinationale implantée en Tunisie, avec les autres membres nous avons établi une stratégie, nous avons contacté les investisseurs. Après 4 à 5 ans, notre association était déjà devenue un interlocuteur de chaque investisseur, avec le gouvernement et la FIPA. Cette 9e édition est, comme chaque année, une occasion de réunir tous les membres pour évaluer les réalisations, clarifier les défis et lancer des projets futurs. À chaque fois, nous constatons une plus grande implication, notamment pour l’émergence d’un constructeur automobile de premier ordre en Tunisie».
Fatma Kolsi, DG de la TAA: «Nous sommes orientés valeur ajoutée et véhicules électriques»
«La TAA a apporté beaucoup de changements en 2024-2025 avec une équipe très soudée. Nous avons ressenti une intensification de l’intérêt à l’égard de notre association. Nous avons reçu des investisseurs chinois et constaté leur intérêt. Il y a un frémissement, car notre message était on ne peut plus clair: nous sommes très actifs, à l’écoute du marché. Cette proactivité nous positionne en partenaires de codéveloppement avec l’Europe et l’Asie et cela implique de la Recherche & Développement, notamment dans le domaine du software. Nous sommes orientés valeur ajoutée et véhicules électriques alors que la réalité des 18 millions d’automobiles actuellement en circulation dans le monde nous incite à nous positionner là-dessus».