Le secteur touristique tunisien souffre d’un cadre réglementaire jugé inadapté aux mutations de l’industrie mondiale. Selon l’étude présentée par le consultant Ahmed Zarrouk lors du Tunisia Economic Forum tenu aujourd’hui 18 septembre à l’IACE, la législation actuelle reste largement héritée de l’ère post-Indépendance et privilégie encore un modèle centré sur le tourisme balnéaire de masse.
Cette approche uniformisée a engendré plusieurs obstacles structurels. Parmi eux, une rigidité administrative marquée par des procédures identiques pour tous les établissements, quelle que soit leur taille ou leur spécialisation. S’ajoute à cela une fragmentation normative, avec des compétences partagées entre plusieurs ministères, ce qui ralentit l’investissement et décourage l’innovation.
Les mutations technologiques, notamment l’essor d’Internet et des plateformes de réservation, n’ont pas été intégrées au dispositif juridique. De plus, la réglementation actuelle privilégie le contrôle technique des infrastructures au détriment d’une vision globale et stratégique du développement touristique.
Conséquence: le secteur reste fragilisé par l’insécurité juridique, la concurrence déloyale entre hébergements traditionnels et collaboratifs, ainsi que par le manque de visibilité pour les investisseurs.
Parmi les pistes évoquées, la nécessité d’une modernisation administrative, via la dématérialisation des procédures et la réduction des délais, mais aussi la mise en place d’un guichet unique intégré pour les autorisations. L’étude recommande également une cartographie nationale des potentiels régionaux, afin d’orienter les investissements vers les segments porteurs, tout en veillant à la durabilité, la digitalisation et l’alignement sur les standards internationaux.
Enfin, le consultant a souligné l’urgence d’une meilleure coordination intersectorielle. Le tourisme est impacté par des réglementations issues de l’agriculture, de l’environnement ou de la culture, souvent contradictoires. La création d’un comité interministériel permanent, appuyé par un observatoire juridique du tourisme, figure parmi les solutions proposées pour harmoniser les textes et assurer une veille comparative internationale.