L’Afrique est souvent perçue comme un marché sous-exploité par les exportateurs tunisiens. Les raisons évoquées sont multiples, mais le manque de liaisons aériennes directes avec les principaux marchés subsahariens est fréquemment cité comme l’un des principaux freins.
Cependant, cette explication ne suffit pas à elle seule. Au-delà de la logistique, la question de la structuration du marché africain se pose également. Il est encore difficile pour un industriel tunisien d’y bâtir un prévisionnel solide, en raison de l’absence de demande récurrente et prévisible. Cette instabilité est accentuée par une volatilité politique persistante dans plusieurs pays de la région.
Les chiffres confirment cette tendance. Au cours des huit premiers mois de 2025, les exportations tunisiennes vers les pays d’Afrique subsaharienne se sont élevées à 479,4 MTND, contre 600,1 MTND sur la même période en 2024. À titre de comparaison, nos échanges commerciaux avec un pays européen comme la Pologne ont déjà dépassé, à eux seuls, ceux enregistrés avec l’ensemble des pays subsahariens. En 2023, les exportations tunisiennes vers cette région s’étaient pourtant établies à 711,2 MTND, confirmant la tendance baissière actuelle.
Du côté des importations, une évolution inverse est observée. Celles en provenance de l’Afrique subsaharienne ont atteint 336,5 MTND fin août 2025, enregistrant une hausse de 52,2% en glissement annuel. Ce dynamisme montre un intérêt croissant de la Tunisie pour le continent africain, ce que reflète également son engagement dans des initiatives régionales comme la mise en œuvre de la Zlecaf.
Il est essentiel de rappeler que l’Afrique représente une véritable opportunité, notamment dans les secteurs des services et des activités à forte valeur ajoutée. Les compétences tunisiennes dans ces domaines sont reconnues, et pourraient permettre de créer des flux d’affaires durables et mutuellement bénéfiques. Le potentiel d’échanges est réel, le continent regorge lui aussi de talents et de savoir-faire dans de nombreux secteurs.