Les caisses sociales en Tunisie font face à un déficit structurel qui menace leur équilibre financier, a averti Khaled Sdiri, expert au sein du département de la protection sociale à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), lors de son passage sur Express FM. Selon lui, il est devenu indispensable de diversifier les sources de financement pour garantir la pérennité de ces institutions.
Sdiri a rappelé que la majorité des régimes de retraite, que ce soit à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ou à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS), connaissent un déficit. En 2023, la CNRPS a par exemple enregistré un déficit de 600 millions de dinars malgré un taux de cotisation fixé à 23,7 %. Pour atteindre l’équilibre, ce taux devrait être porté à 34 %, une hausse jugée irréalisable dans le contexte actuel marqué par l’inflation et la fragilité du pouvoir d’achat.
Il a également souligné l’impact du facteur démographique : le système repose sur la solidarité entre actifs et retraités, mais le ratio est désormais inférieur à deux cotisants pour un bénéficiaire, alors qu’il faudrait trois actifs pour garantir l’équilibre. Or, la création de centaines de milliers d’emplois nécessaires pour corriger ce déséquilibre reste hors de portée de l’État.
Face à ces limites, l’UGTT plaide depuis plusieurs années pour une diversification des ressources. Khaled Sdiri a cité des pistes déjà mises en œuvre, comme l’affectation d’une partie des recettes issues des amendes routières, des frais de contrôle technique ou encore des taxes sur certains produits (tabac, jeux, assurances) au financement de nouveaux fonds de protection sociale.
Il a également évoqué l’exemple de la France, où le financement de la sécurité sociale repose sur une combinaison de cotisations, de contributions sociales généralisées et de recettes fiscales, avec une loi de financement spécifique adoptée chaque année après concertation entre l’État, les syndicats et les employeurs. Pour lui, la Tunisie pourrait s’inspirer de ce modèle en instituant un budget annuel dédié au financement de la protection sociale, discuté avec l’ensemble des parties prenantes.
Selon l’expert syndical, seule une approche globale et concertée permettra de renforcer la durabilité des caisses sociales, de soulager les entreprises et de protéger le pouvoir d’achat des citoyens.