À partir d’aujourd’hui, de nouvelles procédures entrent en vigueur pour l’obtention du permis de conduire en Tunisie. Parmi les principales nouveautés figure la signature obligatoire d’un contrat entre l’auto-école et l’élève, une mesure destinée à encadrer la relation entre les deux parties et à limiter les abus.
Mohamed Fadhel Baccouche, président de la Chambre syndicale des chefs d’établissements de formation à la conduite automobile et sécurité routière, a expliqué que ce contrat fixe les droits et obligations de chacun. Il précise notamment la catégorie de permis concernée, le type de formation (théorique, pratique ou les deux), un nombre minimal d’heures de cours ainsi que les modalités de paiement. « Ce contrat protège les deux parties. En cas de désaccord, il permettra d’éviter les litiges qui nuisent à la crédibilité du secteur », a-t-il affirmé sur Express FM.
Le responsable a également dressé un état des lieux préoccupant du secteur. Le nombre de centres de formation a chuté à environ 3 265, contre près de 5 000 en 2014, en raison notamment de la baisse du pouvoir d’achat et du vieillissement de la population cible (18-35 ans). À cela s’ajoutent les coûts élevés pour les auto-écoles, en particulier le prix des véhicules utilisés pour la formation. « En 2010, une voiture coûtait 16 000 dinars. Aujourd’hui, il faut compter entre 60 000 et 70 000 dinars, voire plus avec les crédits bancaires », a souligné Baccouche.
Cette hausse des charges met en difficulté les établissements, contraints de maintenir des tarifs jugés trop bas pour couvrir leurs frais. Actuellement, une heure de conduite est facturée en moyenne 25 dinars, alors que, selon la chambre syndicale, un prix de 50 dinars serait nécessaire pour assurer une formation de qualité et permettre aux auto-écoles de survivre. « Nous parlons de sécurité routière, pas seulement d’un service commercial. Si le prix reste trop bas, la qualité du futur conducteur en pâtit », a averti Baccouche.
Il a également dénoncé une concurrence déloyale dans le secteur, certains établissements proposant des offres gratuites ou à prix cassés via les réseaux sociaux, au détriment de la formation et de la sécurité des usagers.
Face à ces difficultés, la chambre syndicale plaide pour des mesures fiscales favorables, notamment des exonérations sur l’acquisition de véhicules pédagogiques et de simulateurs. Elle réclame aussi la création d’un ordre professionnel des moniteurs de conduite afin de mieux encadrer la profession et d’assurer un contrôle rigoureux des pratiques.