Bien que la loi 2016, qui a redéfini le statut de la Banque centrale de Tunisie, soit largement critiquée par les non-techniciens, il faut avouer qu’elle a permis à la banque des banques de mieux gérer le risque du secteur. Lors de sa promulgation, le secteur présentait des risques significatifs et plusieurs établissements de crédit, notamment publics, enregistraient des pertes et les fonds propres étaient peu par rapport à la croissance de l’activité.
Depuis, les normes prudentielles ont nettement évolué, avec l’instauration d’un fameux ratio, celui de transformation, qui est les crédits/dépôts. Ici, les crédits sont bruts, donc y compris les dettes carbonisées et que nous ne voyons pas dans les indicateurs d’activité trimestriels des banques cotées, qui nous affichent des encours nets de financements accordés.
Selon les derniers chiffres de la BCT, le secteur bancaire a poursuivi ses efforts en matière de collecte des dépôts en 2024, avec une croissance à hauteur de 10,3% en glissement annuel contre 7,4% une année auparavant. Cette dynamique a concerné aussi bien les dépôts en dinars qu’en devises, progressant respectivement de 10,9 et 7,2%.
Ainsi, les pressions sur la liquidité bancaire se sont davantage apaisées avec l’amélioration du ratio de liquidité (LCR) pour se situer à 225% contre 188% à fin 2023 et le repli de la part du refinancement dans le total des ressources des banques à 4,6% à fin 2024 contre 4,8% en 2023.
Aussi, le ratio de transformation «crédits/dépôts» a poursuivi sa tendance baissière pour revenir à 96,2%, à fin 2024, contre 101,4% au terme de 2023 en rapport avec le ralentissement de l’activité de crédit et une évolution soutenue des dépôts. Pour rappel, en 2019, cette proportion était de 122%. C’est un parcours à saluer car l’effet sur le système bancaire peut ne pas être visible, mais nous disposons d’un système solide, crucial pour une économie qui fonctionne par les dettes bancaires.
Concrètement, le secteur bancaire est capable de mieux servir l’économie et satisfaire les demandes des entreprises. Ce qui est encore défaillant, c’est le rythme d’investissements entrepris. Il faut agir sur cet aspect, soit par des réglementations (avantages fiscaux en premier lieu), soit par un système de bonification de taux. Il y a une possibilité significative de capitaliser sur le bon rythme de croissance que nous avons observé au cours du premier semestre 2025, à condition de travailler sur le cadre réglementaire.