Le tourisme de luxe en Afrique connaît une croissance fulgurante, porté par une clientèle internationale à la recherche d’expériences exclusives et par des investissements massifs dans des infrastructures haut de gamme, cependant cette dynamique, bien que génératrice de visibilité mondiale et d’attractivité économique, soulève un paradoxe de plus en plus visible, puisque l’essentiel des revenus créés ne profite pas réellement aux économies locales.
Selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), le continent figure parmi les destinations enregistrant la croissance la plus rapide dans le secteur haut de gamme, avec une valeur générée par voyageur en forte augmentation; cette évolution s’accompagne d’une reconnaissance internationale, comme l’illustre le classement Travel + Leisure World’s Best Awards 2023 où sept des vingt-cinq meilleurs hôtels du monde se trouvent en Afrique, notamment en Afrique du Sud, au Kenya et au Maroc, confirmant ainsi la montée en puissance du continent sur la scène mondiale du luxe.
De Nairobi à Cape Town, en passant par Maurice, la Tanzanie ou le Rwanda, des projets ambitieux voient le jour afin de transformer des sites naturels emblématiques en destinations exclusives, qu’il s’agisse de safaris personnalisés dans le Serengeti, de plages privées aux Seychelles ou encore d’écolodges conçus pour répondre à la demande croissante d’un tourisme durable et centré sur le bien-être.
Le constat est ainsi double : d’un côté, le secteur contribue à la création d’emplois, à l’essor de services connexes et à l’amélioration des infrastructures, mais de l’autre, il accentue les inégalités puisque les bénéfices se concentrent dans les mains d’opérateurs étrangers ou d’une élite réduite, tandis que la majorité des travailleurs perçoivent des revenus modestes et que peu de ressources sont réinjectées dans les territoires où ces établissements opèrent.