Vous avez déjà entendu parler de “l’Internet des objets” (Internet of things), où des objets inanimés peuvent être connectés à Internet et entre eux, mais il est peu probable que vous ayez une idée sur l'”Internet des corps” (Internet of bodies). Ce concept remonte à 2016, et il est décrit comme un réseau de corps humains dont l’intégrité et le fonctionnement dépendent, au moins en partie, d’Internet et de technologies associées, comme l’intelligence artificielle. Les dispositifs technologiques et le corps humain ne sont pas étrangers l’un à l’autre. Des lunettes aux appareils auditifs en passant par les pacemakers, cela fait des décennies que nous portons, ingérons ou implantons des technologies. Bientôt, ces dispositifs auront la capacité de fusionner complètement avec le corps tout en maintenant une connexion en temps réel avec une machine externe.
L’Internet des corps se divise en trois catégories, selon le niveau d’intégration du dispositif.
La première génération est externe. Il s’agit d’objets comme les montres ou bagues connectées, qui utilisent des capteurs pour suivre nos pas ou notre rythme cardiaque. Ou encore des lunettes intelligentes, qui font office de caméras, de casques audio ou d’écrans.
La deuxième génération est interne. Ce sont des dispositifs que l’on ingère ou qui sont implantés. On pense aux pacemakers avec composants numériques, aux prothèses intelligentes connectées directement aux nerfs et muscles… ou encore aux pilules numériques capables de transmettre des données médicales après ingestion.
Enfin, il y a la troisième génération. Ces dispositifs fusionnent complètement avec le corps tout en maintenant une connexion en temps réel avec une machine externe et Internet. Le meilleur exemple est la puce qu’Elon Musk cherche à développer. Elle est implantée sous le crâne, où elle peut lire les signaux du cerveau d’une personne et lui permettre de contrôler une machine externe.
Les partisans de l’IoB affirment que les avantages sont évidents: amélioration des fonctions cognitives et physiques, progrès dans les soins de santé et économies substantielles pour les individus comme pour les entreprises. Mais là où certains voient des bénéfices, d’autres voient des risques. La protection des données sera essentielle. Bon nombre de ces dispositifs seront capables de suivre, d’enregistrer et de stocker des informations personnelles. Les critiques affirment que si des gouvernements ou entreprises obtenaient ces données, ils pourraient s’en servir pour espionner les citoyens ou en tirer des profits.
Des questions éthiques se posent également. Vivrons-nous dans un monde où les riches seront “augmentés” et les pauvres non? Et sur un plan philosophique, l’IoB remet-il en question notre autonomie et notre capacité à nous gouverner nous-mêmes? Qui sera chargé de surveiller les risques?
Le potentiel économique du secteur est immense, estimé à quelque 66 milliards de dollars en 2024, et devrait dépasser 132 milliards d’ici à 2029.