Dix-huit pays de l’Union européenne ont demandé le 7 juillet à la Commission européenne de repousser encore l’application de la loi anti-déforestation et de rendre ses règles plus simples.
Cette loi, votée en 2023, devait d’abord s’appliquer fin 2024 mais a déjà été reportée à décembre 2025 à cause de problèmes d’organisation et de désaccords internes. Depuis 2021, l’UE veut lutter contre la déforestation mondiale en contrôlant mieux l’importation de produits agricoles, comme le cacao ou le café, pour être sûre qu’ils ne viennent pas de terres déboisées après 2020.
Les produits concernés
Les matières premières visées sont stratégiques, notamment pour l’alimentation et l’agro-industrie européenne:
- Cacao (chocolat): l’UE est le premier importateur mondial.
- Café: 45% du café mondial est consommé en Europe.
- Soja: utilisé massivement pour l’alimentation animale, en particulier pour l’élevage.
- Huile de palme: souvent pointée du doigt pour son lien direct avec la déforestation en Asie du Sud-Est.
- Bois: pour l’ameublement, le papier, la construction.
- Viande: notamment le bœuf venant d’Amérique latine.
Selon les signataires de la lettre, relayée par Bloomberg News, la législation imposerait «des charges administratives disproportionnées» à des pays où la déforestation est jugée «insignifiante». Ils dénoncent une approche trop rigide, sans tenir compte des efforts nationaux en matière de durabilité.
Des acteurs comme le Parti populaire européen (PPE) avaient même proposé de créer une catégorie de «pays sans risque» pour éviter des contrôles jugés inutiles, mais la Commission européenne a écarté cette option fin 2024, préférant une évaluation au cas par cas.
Et l’Afrique du Nord dans tout ça?
Des pays comme la Tunisie n’exportent pas massivement ces matières premières mais sont concernés indirectement en tant qu’importateurs: le soja pour l’alimentation animale et le café pour la consommation locale sont en grande partie importés d’Amérique latine ou d’Afrique de l’Ouest, zones sensibles à la déforestation.
Pour les importateurs tunisiens ou maghrébins, ces nouvelles règles pourraient donc impacter la chaîne logistique et les coûts, surtout pour le commerce réexporté vers l’UE.