Les marchés bancaires et financiers mondiaux restent calmes, avec une faible volatilité, alors que les banques centrales ont commencé à assouplir leurs taux après avoir ramené l’inflation près de leur objectif, a indiqué le FMI ce lundi 21 avril à Washington.
« Notre évaluation montre que les risques pesant sur la stabilité financière mondiale ont nettement augmenté, en raison de l’incertitude accrue liée aux politiques économiques et de la volatilité croissante des marchés. Le recul de la confiance des investisseurs que nous avons observé a déclenché des vagues de ventes sur les marchés boursiers. Le resserrement des conditions financières mondiales exerce une pression baissière sur l’activité économique », a déclaré Tobias Adrian, conseiller financier du FMI.
Cette analyse figure dans le Rapport sur la stabilité financière mondiale du Fonds, publié à l’occasion des Réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque mondiale.
« Nous identifions trois vulnérabilités majeures à surveiller. Malgré les turbulences récentes, certaines valorisations d’actifs restent élevées. Si les perspectives économiques continuent de se dégrader, ces valorisations pourraient encore chuter, ce qui entraînerait un durcissement supplémentaire des conditions financières mondiales. Ce resserrement pourrait avoir un impact négatif sur les devises, les prix des actifs et les flux de capitaux vers les marchés émergents », a expliqué Tobias Adrian avant la publication du rapport.
« Actuellement, les conditions financières sont passées d’un contexte accommodant à une posture neutre, avec un potentiel de resserrement futur. En cas de volatilité prolongée, les institutions financières très endettées pourraient subir des tensions importantes. Les institutions financières non bancaires pourraient aussi rencontrer des difficultés en période de turbulences, ce qui risquerait d’affecter l’ensemble du système financier. Dans les banques les plus fragiles et mal gérées, les vulnérabilités pourraient réapparaître », a-t-il mis en garde.
« D’autres turbulences pourraient également toucher les marchés des obligations souveraines, notamment dans les régions où les niveaux d’endettement public sont élevés. Si le fonctionnement des marchés venait à se détériorer dans les principales économies avancées, et si des positions à effet de levier devaient être débouclées sur les marchés obligataires clés, la volatilité pourrait s’amplifier davantage. Les économies de marché émergentes, qui subissent déjà les coûts de financement réels les plus élevés depuis une décennie, pourraient devoir refinancer leur dette et financer leurs dépenses publiques à des coûts accrus. En conséquence, les inquiétudes des investisseurs quant à la soutenabilité de la dette publique et aux vulnérabilités du secteur financier pourraient s’intensifier », a averti Adrian.
Que doivent faire les décideurs pour préserver la stabilité et la résilience des marchés financiers ?
« Il est crucial de se préparer aux défis à venir, afin de permettre aux autorités de gérer efficacement toute instabilité financière. Les outils politiques doivent inclure des mesures garantissant le bon fonctionnement des marchés, soutenir la supervision prudentielle et la réglementation des institutions financières, et prévoir des instruments de liquidité d’urgence et de résolution des crises. Nous recommandons aux institutions financières et aux régulateurs de mobiliser des ressources pour identifier et atténuer les risques, en utilisant des tests de résistance et des analyses de scénarios. Les économies émergentes et en développement doivent quant à elles renforcer leurs marchés financiers tout en maintenant des marges de manœuvre budgétaires et des réserves internationales suffisantes pour faire face aux chocs géopolitiques. »