L’intelligence artificielle (IA) s’impose désormais comme une composante incontournable des systèmes de cybersécurité à l’échelle mondiale. Lors du Gitex Africa Morocco 2025, plusieurs experts venus de différents continents ont confronté leurs perspectives sur l’intégration de l’IA dans les workflows et les infrastructures africaines.
L’un des points forts du débat a porté sur la distinction essentielle entre automatiser des tâches manuelles et déléguer des décisions critiques à des algorithmes. «L’IA ne devrait pas remplacer l’humain dans les choix stratégiques. Elle est là pour améliorer nos processus, pas pour supprimer les emplois», a souligné Nkululeko Thangelane, Group Executive Head for Big Data, Al & ML Vodacom, en insistant sur l’importance d’une IA au service du workflow plutôt qu’en substitution des compétences humaines.
Dans le domaine de la cybersécurité, l’IA a cependant prouvé son efficacité. Chaque ordinateur génère d’énormes flux de données, hétérogènes et souvent inutilisables sans IA. C’est elle qui détecte les patterns, synchronise les événements et émet des verdicts à la vitesse de la machine. L’objectif? Identifier en temps réel les signes avant-coureurs d’une cyberattaque, souvent visibles a posteriori dans les logs, mais difficilement exploitables à l’instant T sans technologie avancée.
Autre point important soulevé par les panélistes: l’importance de l’IA explicable. Dans les systèmes critiques, comme la lutte contre la fraude, il devient essentiel de comprendre les critères qui ont mené à une décision. «Dire qu’une personne est un fraudeur sans justifier cette classification est inacceptable. Il faut pouvoir retracer les éléments qui ont influencé l’algorithme», a rappelé Mustafa Mustafa, Security Leader à Cisco EMEA.
Mais alors que l’IA s’intègre avec succès dans la cybersécurité, des défis structurels freinent encore son expansion à grande échelle sur le continent africain. «L’infrastructure est le nerf de la guerre. L’Afrique ne dispose pas encore des capacités nécessaires, comme les grands data centers ou les GPU massifs utilisés par les géants mondiaux», a reconnu Jenny Mohanlall, Senior Director, Information Technology. Si des initiatives locales existent, elles restent fragmentées et insuffisamment coordonnées à l’échelle continentale.
Enfin, la diversité réglementaire entre les pays africains complique l’implémentation homogène des outils d’IA. Des entreprises actives sur plusieurs marchés doivent jongler entre différents cadres juridiques, comme le RGPD européen ou la POPIA sud-africaine, ce qui nécessite des adaptations constantes.