L’Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES), en collaboration avec la Konrad Adenauer Stiftung, a publié une étude détaillée sur l’avenir de la sécurité alimentaire en Tunisie. Le rapport met en lumière les évolutions du secteur agricole, les menaces pesant sur les terres cultivables et les défis liés aux changements environnementaux.
Le poids du secteur agricole dans l’économie tunisienne a considérablement diminué au fil des décennies. Alors qu’il représentait 20,8 % du PIB en 1965, il est tombé à 10,2 % en 2020. Si l’on inclut le secteur agroalimentaire, cette part atteint 13,5 %. Toutefois, depuis 2011, la croissance annuelle moyenne du secteur agricole reste positive (+2,8 %), dépassant celle du secteur agroalimentaire (+1,4 %), selon l’Institut National de la Statistique (INS).
Les terres agricoles tunisiennes sont confrontées à des défis environnementaux croissants, notamment l’érosion des sols et la désertification. Plusieurs études menées au cours des vingt dernières années révèlent :
-L’érosion hydrique, qui affecte principalement le Nord et le Centre du pays, menace 2,6 millions d’hectares, dont plus d’un million est touché de manière forte à moyenne.
-L’érosion éolienne, particulièrement préoccupante dans le Centre et le Sud, impacte environ 5,5 millions d’hectares.
-La désertification, qui frappe sévèrement la Tunisie méridionale, avec 25 % des terres productives fortement touchées et 40 % exposées à une désertification moyenne.
-La salinisation des sols, qui affecte plus de 30 % des terres irriguées, soit environ 100 000 hectares, notamment dans les grandes plaines alluviales de la Medjerda, du Kairouanais et des oasis.
La superficie agricole utile (SAU) en Tunisie est estimée à 5,3 millions d’hectares, dont 4,9 millions d’hectares (93 %) sont labourables. Le reste (environ 387 000 hectares) est constitué de terres de parcours et de pâturages.