Le changement de position de la Banque africaine de développement (BAD) vis-à-vis du projet du métro léger de Sfax, en imposant de nouvelles règles plus strictes, reflète trois réalités.
La première est que la dégradation de la notation souveraine de la Tunisie ces trois dernières années n’est pas passée sans dégâts. La BAD, comme toute institution financière, doit évaluer le risque de ses financements. Le risque Tunisie est parmi les plus élevés, bien qu’en réalité le pays a respecté tous ses engagements et n’a raté aucun rendez-vous. L’institution financière a longtemps investi chez nous et son siège était même en plein cœur de la capitale, et cette décision est regrettable.
La deuxième est que la non-conclusion d’un accord avec le FMI a également pesé. Pendant des mois, il y avait des doutes quant à la capacité de la Tunisie à éviter un défaut de paiement. Cela a naturellement impacté tous les dossiers en cours avec les institutions financières internationales, y compris la BAD. Il suffit de regarder la chute libre de l’appui budgétaire que ces institutions fournissaient à la Tunisie pour comprendre que notre position avec le Fonds était un facteur déterminant pour tous les flux financiers en direction de la Tunisie.
La troisième est que ces pratiques ne sont autres qu’une pression sur notre pays. Les positions prises par la Tunisie dans plusieurs dossiers ne plaisent nécessairement pas à l’autre bout de la Méditerranée ou de l’Atlantique. Mettre en place un embargo financier non annoncé est l’un des moyens utilisés pour tenter d’obtenir quelques concessions. Même notre notation souveraine en a payé le prix, car des pays qui ont des fondamentaux beaucoup plus faibles sont notés mieux que nous.
Ce qui importe le plus maintenant, c’est la solution à tout cela. Les conditions de la BAD pourraient être rencontrées ailleurs. Un nouveau plan de financement s’impose, car nous n’avons pas le choix.