Tous les projecteurs se sont concentrés sur l’amélioration de la notation souveraine par Moody’s, oubliant que des banques en ont profité également. Comme la notation des entreprises d’un pays est capée par celle du souverain, la récente réévaluation du profil de risque de la Tunisie a permis à quatre banques d’améliorer leur rating.
Ainsi, Moody’s a relevé, de Caa2 à Caa1, les notes des dépôts à long terme de l’Amen Bank, de la Banque de Tunisie, de la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) et de la Société tunisienne de banque (STB).
Elle a également relevé de Caa1 à B3 et de Caa1 à B3(cr) les notations du risque de contrepartie et les évaluations du risque de contrepartie à long terme de la Banque de Tunisie et de la BIAT. Elle a révisé à la hausse, de Caa2 à Caa1 et de Caa2 à Caa1(cr), respectivement, les notes de risque de contrepartie à long terme et l’évaluation du risque de contrepartie de la STB et confirmé les notes de risque de contrepartie à long terme et l’évaluation du risque de contrepartie d’Amen Bank à Caa1 et Caa1(cr). Les perspectives de toutes les notations de dépôts à long terme restent stables.
En même temps, l’agence a relevé de Caa2 à Caa1 les évaluations de crédit de base et celles ajustées de la Banque de Tunisie et de la BIAT, et a confirmé celles ajustées Caa2 d’Amen Bank et Caa3 de la STB.
L’ajustement de la notation de la Tunisie a un impact favorable sur le secteur bancaire étant donné sa forte exposition directe et indirecte au souverain, des deux côtés du bilan.
Côté actifs, l’exposition directe des banques à l’État qui passe par l’achat de bons du Trésor et d’obligations en proportion des fonds propres a légèrement diminué pour s’établir à environ 57% en août 2024 contre 60% en décembre 2023. L’exposition totale à l’État, si l’on tient compte des prêts aux entreprises publiques et des prêts en devises accordés à l’État dans le cadre d’accords syndiqués, représente environ 1,3x les fonds propres du système bancaire en août 2024, ce qui est stable par rapport à décembre 2023.
Du côté du passif, les banques ont été exposées à des financements à court terme garantis par la BCT. Il y avait environ 12,8 milliards de dinars de financement à court terme de la Banque centrale dans les bilans des banques en novembre 2024, ce qui représente environ 8% du passif total des banques, contre 14 milliards de dinars un an plus tôt. Les volumes de refinancement de la BCT se sont stabilisés depuis 2023, la croissance des dépôts ayant dépassé celle du crédit, ce qui a ramené le ratio prêts/dépôts en dessous de 90%.
À l’avenir, le recours récurrent du gouvernement au financement de la BCT atténuera également la pression sur le système bancaire, tandis que nous tenons compte d’un niveau résiduel de soutien financier extérieur de la part des partenaires occidentaux et du Golfe.
Enfin, compte tenu des liens étroits entre les banques et le profil de crédit de l’État et de leur concentration géographique en Tunisie, le niveau de notation actuel reflète également les conditions d’exploitation stabilisées mais fragiles du pays, caractérisées par une croissance économique faible, bien qu’en amélioration, une inflation relativement élevée et un faible investissement privé. Ce niveau de notation reflète également les conditions de financement intérieures et extérieures relativement serrées, mais en voie de stabilisation.
La perspective stable des notes de dépôt à long terme de toutes les banques reflète l’attente que les fondamentaux de crédit des banques resteront stables à leurs niveaux respectifs, soutenus par la stabilisation des conditions d’exploitation en Tunisie, la perspective stable de la note d’émetteur du gouvernement de la Tunisie et le fait que certaines évaluations de risque sont déjà au niveau souverain.