Lors de la 16e édition de l’Africa Banking Forum à Tunis, Mourad Abdessalem, Vice-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a dressé un constat préoccupant sur les défis économiques auxquels fait face le secteur bancaire africain. Entre inflation galopante, risques climatiques et cybermenaces, il a insisté sur l’urgence d’adopter des stratégies plus résilientes pour préserver la stabilité financière et encourager l’inclusion économique.
Selon Mourad Abdessalem, la croissance économique de l’Afrique s’élève à 3,2% en moyenne, un chiffre qui reste insuffisant pour absorber l’augmentation démographique et répondre aux besoins en investissements. L’inflation, estimée à 18,6%, pèse lourdement sur le pouvoir d’achat et freine le développement des entreprises.
«L’économie informelle draine des ressources fiscales considérables, tandis que la fuite des cerveaux traduit un manque d’opportunités pour les jeunes», a-t-il souligné. Face à ces défis, il appelle à une refonte des politiques économiques pour stimuler l’investissement productif et réduire la dépendance aux capitaux étrangers.
Pour répondre aux défis du secteur, le vice-gouverneur de la BCT identifie trois transformations majeures qui redéfinissent la finance en Afrique:
- L’essor des technologies disruptives: l’intelligence artificielle et la blockchain ouvrent de nouvelles perspectives mais augmentent les risques liés à la cybersécurité.
- La multiplication des fintechs: leur nombre a triplé depuis 2020, révolutionnant l’expérience client et favorisant l’inclusion financière.
- Les impacts du changement climatique: un tiers des banques africaines signalent une détérioration de leurs actifs due aux catastrophes naturelles.
Dans cette optique, le vice-gouverneur plaide pour une adoption plus large de la finance verte, un soutien accru aux PME et une amélioration de la culture financière auprès des populations. Il met également en avant l’importance de la Plateforme panafricaine de paiement et de règlement (PAPSS), un projet ambitieux visant à faciliter les transactions entre pays africains et à réduire la dépendance aux devises étrangères.
«L’Afrique doit s’unir pour relever ces défis. Nos économies ne peuvent prospérer sans une intégration régionale renforcée», a-t-il conclu.
Alors que la transformation digitale et la crise climatique bouleversent l’économie mondiale, le message de Mourad Abdessalem est clair: la résilience du secteur bancaire africain passe par l’innovation, l’inclusion et une coopération régionale accrue.