La Tunisie a accueilli, le 23 janvier, la première édition du forum SALMA Dialogue Business, une initiative majeure visant à renforcer le dialogue et la coopération entre l’Afrique, l’Amérique latine et l’Europe.
L’industrie automobile, un secteur clé pour la Tunisie, a été mise en avant lors de cet évènement. Myriam Elloumi, présidente de la Tunisian Automotive Association (TAA), a rappelé l’importance du partenariat entre la Tunisie et l’Europe, en particulier avec l’Allemagne et la France, qui absorbent respectivement 36% et 23% des exportations tunisiennes dans le secteur automobile. «Si l’automobile allemande et française souffre, nous souffrons aussi», a-t-elle souligné, tout en insistant sur la nécessité de renforcer cette collaboration face aux défis actuels.
En effet, le secteur automobile européen traverse une période difficile, marquée par des tensions géopolitiques, une concurrence accrue de l’Asie et un protectionnisme croissant. Pour y faire face, Elloumi plaide pour une collaboration accrue entre les entreprises tunisiennes et européennes, en identifiant les synergies et les complémentarités. «Il faut qu’on s’entraide, on va survivre ensemble», a-t-elle déclaré, rappelant que la Tunisie a toujours été un partenaire fiable et compétitif pour l’Europe.
La Tunisie, un hub de compétences et d’innovation
Au-delà de son rôle de fournisseur de composants, la Tunisie se positionne de plus en plus comme un hub de compétences et d’innovation dans le secteur automobile. « On a de plus en plus de soft development, notamment dans l’intelligence artificielle, localisé en Tunisie », a expliqué Myriam Elloumi. Elle a également mis en avant les compétences académiques tunisiennes, qui peuvent être partagées avec les pays voisins, ainsi que la capacité du tissu industriel local à créer de la valeur et à développer de nouvelles activités.
Avec un taux d’intégration de 42%, la Tunisie est en mesure de fournir des composants de qualité à n’importe quel constructeur automobile. « On est capable d’aider n’importe quel constructeur, et ça reste notre rêve », a-t-elle affirmé, tout en soulignant que l’intégration avec le marché africain pourrait réduire la dépendance vis-à-vis de l’Europe.
Vers un marché automobile africain intégré
L’un des points forts de l’intervention de Myriam Elloumi a été son plaidoyer pour le développement du marché automobile africain. Elle a rappelé que la Tunisie est bien positionnée pour jouer un rôle clé dans cette dynamique, grâce à ses compétences, son innovation et sa capacité à produire des composants de haute qualité.
Elle a cité l’exemple de Volkswagen, qui a récemment investi en Égypte, ouvrant des opportunités pour les entreprises tunisiennes de fournir des composants. « Quand ça ne va pas d’un côté, il faut essayer de se retourner et voir qui sont nos autres voisins », a-t-elle déclaré, soulignant l’importance de renforcer les échanges intra-africains.
Pour Myriam Elloumi, le projet de Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) est un levier stratégique pour booster le marché automobile africain. « En enlevant les barrières douanières et en favorisant les échanges entre les différents pays d’Afrique, on pourra réellement booster ce marché », a-t-elle expliqué. Elle a également appelé à une meilleure collaboration entre les pays africains pour localiser la transformation des matières premières et réduire la dépendance vis-à-vis de l’Europe.
Un avenir prometteur malgré les défis
Malgré les défis actuels, Myriam Elloumi reste optimiste quant à l’avenir du secteur automobile tunisien. Elle a rappelé que la Tunisie dispose d’entreprises performantes et d’un tissu industriel dynamique, capable de s’adapter aux évolutions du marché. «On est dans une période de challenge, mais c’est justement pour ça qu’on doit se rappeler comment être plus compétitif», a-t-elle conclu.