Vous vous rappelez bien l’affaire de la quarantaine de Tunisiens accusés d’avoir illégalement acquis des biens immobiliers et des appartements dans la ville espagnole d’Alicante en 2020. Avoir un bien à l’étranger n’est pas un crime en lui-même, mais le grand problème concerne la façon dont l’argent a quitté le pays. Avec les nouvelles idées du gouvernement à Madrid, une telle opération n’aurait pas été possible.
En fait, la forte demande a créé une crise de logement dans la péninsule Ibérique et le gouvernement a fini par adopter une solution radicale: imposer une taxe de 100% sur les logements achetés par des non-résidents de l’Union européenne.
Les Espagnols souffrent d’une pénurie de logements, de loyers élevés et de la hausse des prix de l’immobilier. Les acheteurs étrangers et le tourisme de masse sont accusés d’être les principaux facteurs contribuant à la pression sur le secteur. Les prix des logements avaient augmenté de 48% au cours de la dernière décennie, soit presque deux fois plus que les revenus des ménages. Les non-résidents de l’Union européenne ont acheté 27 000 appartements en Espagne en 2023 dans l’objectif de spéculer. Le problème est grave car il a des implications sociales et économiques.
Le gouvernement avait déjà fait part de son intention d’essayer de limiter l’accession à la propriété des étrangers, en annonçant l’année dernière qu’il abolirait le programme «Golden Visa», introduit en 2013, qui accordait des droits de résidence aux étrangers qui investissaient dans des biens immobiliers espagnols d’une valeur d’au moins 500 000 euros.
Revenons en Tunisie, où nous avons autorisé l’acquisition de biens à nos voisins libyens et algériens sans passer par l’autorisation du gouverneur. L’autorisation n’est pas requise pour toutes les nationalités dans les zones touristiques. Un impact inflationniste a été observé entre 2011 et 2014, lorsque les Libyens ont acheté massivement des maisons, surtout dans la banlieue nord de Tunis et les zones limitrophes. Les prix du loyer se sont également envolés dans certains quartiers et cela continue jusqu’à aujourd’hui. Pour le moment, nous faisons des efforts pour sauver les promoteurs immobiliers, mais il faut surtout préserver l’espoir du Tunisien d’avoir une maison dans son pays.