Dans sa Revue de recherches pour 2024, Tunisie Valeurs consacre des notes de recherche aux secteurs bancaire et de l’assurance. Dans cet article, on va aborder les spécificités du marché bancaire en Tunisie.
En 2023, le secteur bancaire coté a démontré une remarquable résilience dans un environnement économique difficile, soutenue par une solide dynamique de collecte et une bonne maîtrise des coûts malgré un resserrement monétaire. La faible demande de crédit a freiné la production, mais a contribué à renforcer la liquidité et à améliorer le ratio crédits/dépôts. Cependant, la croissance du produit net bancaire (PNB) a ralenti, la productivité a souffert du contexte inflationniste, et la qualité des portefeuilles s’est dégradée avec une augmentation des créances classées. Malgré ces défis, la rentabilité nette a été maintenue grâce à un coût du risque stable et une baisse des provisions collectives, permettant au secteur de retrouver ses niveaux de bénéfices pré-pandémie.
L’année 2024 s’annonce complexe, avec une légère accélération de la collecte, mais une croissance des crédits qui reste anémique en raison d’un investissement en berne et d’un cadre réglementaire plus strict. La dégradation de la productivité se poursuit, bien que l’accalmie du coût du risque apporte un certain répit. Par ailleurs, la nouvelle loi 41-2024 sur les chèques sans provision pourrait alourdir la pression réglementaire dès 2025, tandis que les perspectives de croissance des bénéfices pour 2024 demeurent limitées.
Malgré ces défis, le secteur a connu une performance boursière positive en 2023, avec une hausse de l’indice des banques de +11,7%, portée par une valorisation attractive et des dividendes généreux. Toutefois, les risques liés à un resserrement du crédit et à une potentielle contraction des bénéfices pourraient inciter les investisseurs à adopter une approche plus prudente, favorisant une sélectivité accrue et envisageant des prises de bénéfices dans les mois à venir.