L’Afrique de l’Ouest s’apprête à créer un fonds fiduciaire pour sécuriser les transactions énergétiques transfrontalières, une décision clé prise lors du premier sommet de la coopération énergétique en Afrique de l’Ouest (WA-ECS) à Lomé (Togo).
Face à une demande électrique en hausse de 6% par an et des échanges transfrontaliers limités à moins de 10% de l’offre totale, cette initiative vise à renforcer un marché régional intégré de l’électricité.
Soutenue par la Banque mondiale depuis 2020, la création de ce fonds répond aux retards de paiement récurrents qui freinent les échanges bilatéraux.
Selon EcoFin, le Nigeria, principal fournisseur d’électricité de la région, illustre ce problème: en août 2024, la Commission nigériane de régulation de l’électricité (NERC) a dénoncé des arriérés de plusieurs millions de dollars dus par des pays comme le Bénin et le Niger.
La Côte d’Ivoire, également fournisseur majeur, rencontre des défis similaires, compromettant l’entretien et le développement des infrastructures.
Au-delà de résoudre ces tensions, le fonds fiduciaire a pour ambition d’attirer des investisseurs privés afin de financer les 75 projets prévus par le plan directeur des infrastructures énergétiques 2019-2033 de la Cédéao.
Ce plan prévoit l’ajout de 16 000 MW au réseau et la construction de 23 000 kilomètres de lignes d’interconnexion, dont 70% de la production sera issue des énergies renouvelables comme l’hydroélectricité et le gaz naturel.
Cependant, les défis à relever restent considérables. Près de 50% des habitants de la région n’ont toujours pas accès à l’électricité. Moderniser les infrastructures et intégrer davantage d’énergies renouvelables nécessiteront un investissement estimé à 30 milliards de dollars d’ici 2030.
La mise en œuvre du fonds fiduciaire pourrait jouer un rôle principal pour transformer ces ambitions en solutions concrètes et assurer une meilleure distribution énergétique en Afrique de l’Ouest.