Parmi les points que les responsables ALM (gestion actif-passif) d’une banque surveillent de près, nous trouvons le gap entre les dépôts et les emplois en dinar. Plus l’écart est faible, plus c’est mieux. Plus il est large, plus l’établissement de crédit doit recourir à la dette obligataire et aux mécanismes de refinancement auprès de la Banque centrale. En 2023, selon les chiffres de la BCT, ce gap s’est établi à 27 057 MTND, en baisse de 11% par rapport à 2022.
Grace à une année marquée par un taux de rémunération de l’épargne à 7%, les dépôts se sont accélérés, totalisant 87 049 MTND, soit une hausse de 7,4% en rythme annuel. En parallèle, la hausse des taux a rendu l’obtention de crédits plus compliquée auprès des banques, ce qui explique une augmentation de 2,2% seulement par rapport à 2022. La qualité des bilans des banques s’est améliorée, grâce à un ratio Loan-to-Deposit plafonné à 120% imposé par le régulateur. En 2023, ce ratio s’est élevé à 104,9%, ce qui témoigne de la bonne santé du système.
En ce qui concerne le gap en devises, l’image est inverse. Il y a un excédent, avec des dépôts de 16 801 MTND contre des emplois de 6 309 MTND. En d’autres termes, le système bancaire tunisien a un problème en dinar, mais pas en euro ou en dollar.
Les swaps de change peuvent donc être une solution pour financer l’économie. Mais qui supportera le risque de change? C’est la grande interrogation à laquelle il faut apporter une réponse pour qu’un tel système fonctionne. Le fonds de péréquation ne peut pas supporter autant de risques et les banques qui ne peuvent procéder à de telles opérations que ponctuellement.