Rien ne va plus au niveau de l’épargne nationale. Alors qu’il y avait des signes d’amélioration, les chiffres définitifs de 2023 sont une déception. Elle a continué sa régression à un rythme plus aigu, reculant de 28% en glissement annuel. Cette évolution s’est traduite par une baisse du taux d’épargne, revenant de 8,1% du Revenu national disponible brut (RNDB) en 2022 à 5,4% l’année dernière, contre un taux d’investissement qui s’est établi à 15,5% du PIB. Ainsi, le gap de financement entre l’investissement et l’épargne s’est élargi pour atteindre 9,9% du PIB (7,8% du PIB compte tenu de la variation des stocks).
Cet affaiblissement de l’épargne nationale, pour la deuxième année consécutive, est lié à la morosité de l’activité économique, conjuguée à l’inflation ayant affecté les revenus des différents agents économiques, face à l’accroissement de la consommation globale. Également, la hausse modérée des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger (+3,7%), qui se sont élevés à 8 676 Mtnd, a contribué à cette tendance.
Du côté de la demande, la faiblesse de la demande intérieure est devenue une entrave à la croissance, avec une consommation nationale en hausse de 1,4% seulement. La consommation privée n’a augmenté que de 1,5%, freinée par un taux de chômage élevé et une inflation persistante. Par ailleurs, la consommation publique a connu une faible évolution de 1,1%, en rapport avec la compression des dépenses budgétaires.
Également, l’investissement, approché par la Formation brute de capital fixe, a connu une décélération aussi bien en prix constants (0,5% en 2023 contre 2,3% en 2022) qu’en prix courants (4,0% en 2023 contre 9,3% en 2022), ce qui a entraîné un repli du taux d’investissement à 15,5% du PIB.
Cela explique donc la situation de blocage actuelle. Tant que ce gap de financement existe, inutile d’espérer atteindre prochainement le bout du tunnel. Mettre en place les mécanismes de financement nécessaires doit être la priorité absolue du gouvernement, surtout que les estimations de la Banque centrale pour ce ratio sont de 4,6% seulement en 2024.