Lors du premier jour de la 7e édition d’AfricArena, qui a eu lieu le mardi 15 octobre à la Cité de la culture de Tunis, Abderrahmane Chaoui, Advisor chez
Sendemo a mis l’accent, dans sa keynote, sur les enjeux de l’intelligence artificielle (IA), en Afrique, dans un contexte mondial marqué par des investissements titanesques.
Des géants comme Alphabet, OpenAI, Meta et Microsoft ont levé des fonds astronomiques: 50 milliards de dollars pour Alphabet, 55 milliards pour Microsoft et 37 milliards pour Meta, rappelle-t-il. Et ce n’est pas tout! Dario Amodei, CEO d’Anthropic, estime qu’un modèle comme GPT-6 pourrait coûter jusqu’à 100 milliards de dollars d’ici à 2027. Quant à l’agence Moody’s, elle prédit que les infrastructures mondiales de centres de données nécessiteront des trillions de dollars dans les années à venir.
Face à cette course, l’Afrique se retrouve en position de faiblesse. Avec seulement 145 centres de données sur le continent et une majorité de la population (53%) n’ayant pas accès à l’électricité, le continent risque de devenir un simple consommateur des infrastructures développées ailleurs.
En matière de financement, les dépenses en IA en Afrique devraient atteindre 3 milliards de dollars en 2024, avec des prévisions de 6,6 milliards d’ici à 2026. Malgré quelques avancées, comme deux nouveaux centres de données hyperscale annoncés, un en Afrique du Sud et l’autre au Kenya, l’infrastructure reste largement insuffisante.
Le manque de talents en IA et les faibles liens entre le monde universitaire et le secteur privé posent également un problème. Cependant, des initiatives prometteuses émergent: des universités d’excellence, telles que CMU et AIMS, ainsi que le centre de recherche Google à Accra, commencent à former des professionnels qualifiés. Pourtant, le continent doit surmonter des obstacles comme une réglementation défavorable et un accès inégal à Internet et à l’éducation.
Chaoui propose de considérer deux types d’IA en termes de potentiel transformateur: l’IA d’incrément, qui consiste à acquérir des compétences de base pour interagir avec l’IA, et l’IA transformative, axée sur la recherche appliquée et les projets collaboratifs entre universités et entreprises. De nombreuses applications à fort potentiel se développent dans plusieurs domaines, notamment:
- Agritech: surveillance des cultures, tarification et distribution.
- Fintech: scoring de crédit et facilitation de dettes.
- Commerce: chatbots et assistance client, prévisions de ventes.
- Logistique: robots et algorithmes prédictifs.
- Santé: génomique et détection du cancer.
- Mobilité: véhicules autonomes et automatisation à grande échelle.
- Villes intelligentes: production et distribution d’énergie.
Pour que l’IA devienne un véritable moteur de développement en Afrique, Chaoui affirme que c’est essentiel d’établir une vision claire de ce que nous voulons qu’elle accomplisse. En renforçant nos capacités internes et en favorisant les synergies entre le secteur privé et les institutions académiques, l’Afrique peut transformer ces défis en opportunités.