Du point de vue efficience économique, la mise en place de subventions n’est pas une bonne chose. Le bon fonctionnement de tout marché passe par la liberté de formation des prix, selon le coût de production, l’offre et la demande. C’est une source de gaspillage et chacun de nous peut compter combien de baguettes il achète par semaine sans qu’elles soient utilisées.
Mais en même temps, et si nous observons les contributions à l’inflation par régime que l’INS a publiées le weekend, nous constatons que lever ces subventions à l’heure actuelle va placer les Tunisiens au cœur d’une spirale inflationniste que personne ne sait où elle mène.
Les deux groupes des produits non alimentaires libres et des produits alimentaires libres ont, respectivement, contribué à l’inflation à hauteur de 3,5 et 2,5% depuis le début de l’année. Tous les autres produits dont les prix sont encadrés n’y ont participé qu’à hauteur de 0,7%. Le rôle de ces compensations dans le freinage des prix est fondamental dans le contexte actuel pour maintenir ce qui reste du pouvoir d’achat. Il faut penser aux plus vulnérables, qui sont malheureusement nombreux.
En même temps, il faut trouver les moyens pour alléger la facture. Confisquer pas moins de 10 milliards de dinars du budget de l’État chaque année est aussi un handicap. Cette somme peut changer la réalité de la santé publique si elle est investie dans ce secteur. Il faut commencer à penser sérieusement à profiter du cycle baissier du pétrole pour se rapprocher progressivement des prix réels. Arrondir même les prix des autres produits alimentaires peut aider à réduire le coût global. Le point essentiel est de convaincre que cet argent ira dans la réalisation de projets pour le bien public. Si cette confiance est installée, toutes les réformes peuvent être acceptées.