Comme nous l’avons indiqué la semaine dernière, les états financiers des Ciments de Bizerte devraient afficher un résultat profondément négatif. Les comptes ont été publiés, et les pertes se sont élevées à -26,802 Mtnd. Mais ce que nous ne savions pas, c’est que la société a procédé à une réévaluation de ses immobilisations, lui permettant d’enregistrer une réserve de réévaluation de 173,584 Mtnd dans ses capitaux propres. Ainsi, les fonds propres sont de 161,366 Mtnd fin juin 2024.
Comptablement parlant, la société a pu échapper à l’obligation d’une recapitalisation. Toutefois, du point de vue continuité d’exploitation, les commissaires aux comptes ont attiré l’attention que depuis le 15 octobre 2023, le cimentier est en arrêt de production et ne dispose pas d’informations certaines quant à la reprise normale de son activité. Cet arrêt est causé par la rupture d’approvisionnement en matières consommables, principalement le coke de pétrole et la brique réfractaire, pour manque de moyens de financement. Cet évènement ajouté aux faits décrits indique l’existence d’une incertitude susceptible de jeter un doute sur la capacité de la société à poursuivre sa production de clinker. Le coût de sous-activité est estimé à 11,348 Mtnd pour la production vendue et 0,377 Mtnd pour les stocks.
Pour tenter d’assurer la continuité de l’activité et de préserver ses clients et sa part du marché local, la SCB a eu recours à l’achat de 81 397 tonnes de clinker au cours du premier semestre 2024 et a décidé l’achat de 100 000 tonnes supplémentaires durant le second semestre de 2024. Cela explique la marge brute négative de -1,843 Mtnd de la période. Néanmoins, ces quantités achetées demeurent insuffisantes pour que la société puisse honorer ses engagements et faire face aux difficultés rencontrées. L’achat ou la production d’une quantité proche de la capacité normale de production estimée à 900 000 tonnes de clinker peut permettre à la société de réaliser des bénéfices.
À notre avis, il faut que l’État intervienne avec du cash pour sauver l’entreprise. Il faut injecter de l’argent frais pour que les comptes de la société soient rééquilibrés et qu’elle retrouve la qualité de signature auprès des fournisseurs étrangers. Autrement, le cimentier risque sérieusement de disparaître.