L’INS a publié une enquête très intéressante sur les perspectives de l’investissement dans le secteur des industries manufacturières, le secteur qui représente le nerf de nos exportations et de l’emploi. Les sociétés couvertes sont au nombre de 1 026, un échantillon représentatif.
Pour comprendre les statistiques présentées, il faut retenir qu’il s’agit de soldes d’opinion, qui correspondent à la différence entre le pourcentage pondéré de réponses positives et le pourcentage pondéré de réponses négatives à la question. C’est le rapport entre le nombre de «+» et de «–» et le nombre de répondants à la question.
L’enquête a révélé que l’investissement s’est inscrit sur une tendance baissière au cours du premier semestre 2024, avec un solde d’opinions de 1% au premier semestre 2024 seulement contre 5% au second semestre 2023. C’est le même niveau au second semestre 2020, en pleine crise sanitaire. Pire encore, les attentes pour la seconde moitié de 2024 sont de 7% seulement contre 13% pour la première partie de l’année.
Par secteur, les industries agroalimentaires et celles mécaniques et électriques se sont distinguées jusqu’à fin juin 2024, avec des soldes d’opinions respectifs de 15 et 14%. Pour les attentes, les perspectives du textile, habillement et cuir sont les plus sombres, avec un solde négatif de -9%. Les industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre affichent également un solde négatif de -2%. Pour le reste, c’est l’optimisme qui règne, avec un solde de 15% pour les industries chimiques, 12% pour les industries mécaniques et électriques et 9% pour les agroalimentaires.
Ces chiffres sont un très mauvais signe pour la croissance et la création d’emplois. Il ne faut donc pas s’attendre à une vraie reprise pour les trimestres à venir. Les sociétés vont continuer à limiter leurs investissements à ceux de renouvellement sans vraiment se lancer dans l’extension de l’activité. L’industrie a besoin de plus de soutien inédit et massif pour l’accompagner dans la récupération de sa compétitivité, de sa capacité à intégrer les nouvelles technologies et dans sa transition énergétique.