Parmi les chiffres révélés par la Banque Centrale de Tunisie, nous constatons une hausse des créances à l’économie. Sur le premier semestre 2024, les financements supplémentaires vers l’économie ont totalisé 2 494 MTND, une hausse de 2,2% en glissement annuel. C’est plus rapide que l’évolution en 2023, année durant laquelle les crédits ont progressé de 2 008 MTND sur les six premiers mois.
Pour avoir une idée sur cette dynamique, nous devons regarder où est-ce que ces montants ont été dépensés. Nous constatons qu’en réalité, 1 684 MTND de ces financements ont pris la forme de débits de comptes courants. En d’autres termes, c’est de l’insuffisance de trésorerie des entreprises qui n’ont pas trouvé d’autres choix que de se diriger vers les banques pour avoir des autorisations de dépassement qui leurs coûtent un taux d’intérêt à deux chiffres. Certes, ces montants n’ont pas servi à l’investissement, mais à des postes de charges courantes. La situation est empirée par rapport à 2023, durant laquelle le début a augmenté de 671 MTND seulement. Viennent ensuite les créances immobilisées avec 1 168 MTND.
En même remps, l’encours du portefeuille-escompte auprès des banques a poursuivi sa tendance baissière, reculant de 1 117 MTND. Cela reflète qu’il y a moins de factures qui circulent, ce qui est logique avec le ralentissement de l’économie. Il peut aussi refléter une question de coûts, puisque le factoring est la source de financement la plus chère, ou qu’l y a davantage d’opérations qui basculent dans l’économie souterraine.
Par secteur, c’est le secteur des services qui a accaparé l’essentiel des crédits supplémentaires, soit 1 116 MTND, contre 888 MTND pour l’industrie et 118 MTND pour l’agriculture.
Enfin, en ce qui concerne les particuliers, les crédits se sont accrus de 263 MTND. Ce chiffre est modeste, et montre une stagnation de la consommation d’une manière générale, y compris celle de l’immobilier.
Toutes ces statistiques sont reflétées dans le taux de croissance et de création d’emploi. Le changement commence, inéluctablement, par une allocation de ressources plus efficace et efficiente.