Si vous pensez que l’augmentation des taux d’imposition est une spécialité tunisienne, vous avez tort. C’est un outil utilisé par tous les gouvernements, y compris celui de l’économie la plus libérale au monde, les Etats Unis. La vice-présidente et candidate aux prochaines élections, Kamala Harris, veut porter le taux d’imposition des sociétés de 21% actuellement à 28%. Il s’agit de sa première proposition majeure visant à augmenter les recettes et à financer les projets coûteux qu’elle souhaite mettre en œuvre quand elle occupera le bureau ovale.
Alors qu’elle dévoile progressivement son programme, il s’avère que ses projets nécessiteront d’énormes dépenses à couvrir par des recettes autres que les dettes. Elle compte s’attaquer à des chantiers comme l’extension du crédit d’impôt pour les enfants et l’allègement du coût du logement et de la dette médicale. Toutefois, elle a bien retenu la leçon de sa campagne présidentielle ratée de 2020, lorsqu’elle avait appelé à l’abrogation totale des réductions d’impôts de Donald Trump, ce qui aurait ramené le taux d’imposition des sociétés à 35%.
La philosophie derrière cette décision est de rendre la fiscalité plus responsable, en permettant réellement de remettre de l’argent dans les poches des travailleurs et de veiller à ce que les milliardaires et les grandes entreprises paient leur juste part. La stabilité et la sécurité économique de la classe moyenne, un gisement électoral, sont ciblées. Pour avoir une idée sur l’impact, il suffit de comprendre qu’un point de pourcentage supplémentaire dans l’impôt sur les sociétés permet de collecter pas moins de 100 milliards de dollars.
Pour que cela se transforme en un texte, il faut que les démocrates contrôlent la Chambre des représentants et le Sénat. Trump, et les républicains derrière lui, a récemment déclaré qu’il réduirait encore les impôts s’il était élu président, y compris pour les entreprises.
Les deux décisions auraient un impact sur les grandes entreprises, qui peuvent soit quitter, soit renforcer leur présence aux Etats Unis. L’enjeu est de taille pour la première puissance mondiale. Une augmentation encouragera d’autres grands pays à adopter le même principe, et serrer encore la vis fiscale. Wait and see.