La production d’énergie en Tunisie connaît des difficultés. Les statistiques de l’Observatoire national de l’énergie et des mines montrent que jusqu’à fin juin 2024, la production était de 1,9 million de tonnes d’équivalent pétrole (tep), y compris la redevance de gaz algérienne. C’est une baisse significative de 15% en glissement annuel.
À noter qu’une tep équivaut à 1 616 kg de houille, 1 069 m³ de gaz ou 954 kg d’essence moteur. Pour l’électricité, 1 tep vaut 11,6 MWh.
Ce recul est essentiellement dû à une production nationale qui souffre, aussi bien au niveau du pétrole (-12% à 711 000 tep) que du gaz naturel (-28% à 607 000 tep).
En contrepartie, la demande ne cesse de progresser, augmentant de 2% à 2,219 millions tep pour les matières pétrolières, contre une baisse de 3% pour le gaz naturel à 2 079 millions tep. La consommation d’essence a progressé de 14% en rythme annuel, celle du gasoil de 4%. Une meilleure saison touristique a aussi poussé la demande sur le kérosène de 7% par rapport aux six premiers mois de 2023.
Ainsi, en tenant compte de la redevance sur le pipeline du gaz algérien, le déficit s’élève à 2,418 millions tep, soit une aggravation de 16% par rapport à juin 2023. Le résultat est une plus grande importation d’électricité, essentiellement de l’Algérie. L’indépendance énergétique de la Tunisie s’est donc établie à 44% fin juin 2024, contre 52% une année auparavant.
C’est un recul inquiétant, surtout que ce trou énergétique nous oblige à importer davantage et donc à creuser le déficit de la balance commerciale et absorber des devises si précieuses pour nous. Exprimé en dinars, ce déficit est valorisé à 5 536 Mtnd à la fin de la première moitié de 2024, contre 4 287 Mtnd sur la même période en 2023.
En partie, cela est causé par la révision des politiques d’exploitation par les grandes compagnies internationales qui veulent se décarboniser. Mais il y a aussi des raisons propres à la Tunisie, avec les mouvements sociaux antérieurs dans les sites de production, qui ont fini par pousser plusieurs compagnies de renommée internationale à quitter définitivement le pays. Nous payons, et nous payerons encore, cher le laxisme de l’administration centrale dans les années pré-Covid.